Le Secrétaire américain à la Défense, Mark Esper, a été hier jeudi 1er octobre l’hôte d’Alger. C’est la première visite qu’effectue en Algérie un responsable US de ce rang depuis celle de Donald Rumsfeld en 2006. Ce déplacement aurait été motivé (sic) par « les menaces terroristes » qui minent la région, « l’instabilité régionale exacerbée par les activités pernicieuses de la Chine et de la Russie sur le continent (Africain: Ndlr) » et… une certaine volonté de « renforcer les liens » avec Alger, deuxième escale de la tournée maghrébine du haut responsable américain qui a été entamée à Tunis et sera achevée ce vendredi à Rabat.
L’escale algéroise du Secrétaire américain à la Défense, contrairement à celle de Tunis et de Rabat, a une tout autre finalité que ledit « renforcement des liens » avec l’Algérie qui, -et c’est un secret de polichinelle-, est plutôt l’allié historique de la Russie, premier fournisseur d’armement à l’APN. Les Américains ne peuvent évidemment proposer des armes à un régime déjà surarmé par la Russie, sans risquer de s’aliéner leur allié marocain, considéré à juste titre comme « allié majeur hors-OTAN » par l’administration américaine.
Or, quelle pourrait bien être la raison du déplacement d’un responsable américain de ce calibre en Algérie?
La réponse est sans appel, et elle vient d’être apportée, il faut bien le noter, par le cabinet américain d’étude des risques, North Africa Risk Consulting (NARCO). « Les services de renseignements algériens ont de vastes réseaux dans le nord du Mali et ont probablement une certaine connaissance de l’endroit où se trouve Woodke. Alger pourrait même être en mesure d’activer des réseaux officieux pour communiquer avec les ravisseurs de Woodke », précise le cabinet Narco, cité par le magazine français « Le Point ».
Vous avez bien lu: « les services de renseignements algériens ont de vastes réseaux dans le nord du Mali et connaissent probablement l’endroit où se trouve Jeffrey Woodke », l’humanitaire américain qui a été enlevé, tenez-vous bien, par « les terroristes de l’État islamique dans le Grand Sahara » (EIGS, dont l’émir n’est autre que l’ex-soldat du front séparatiste du polisario, Adnane Abou Walid al-Sahraoui), au Niger en 2016.
N’est-ce pas une façon pour les Américains d’accuser « indirectement » Alger d’avoir des connivences avec le terrorisme dans la région sahélo-saharienne?
Mais pourquoi « indirectement »?
Abdelmajid Tebboune a lui-même reconnu que ses services étaient au courant du récent coup d’État militaire perpétré au Mali. Lors de son interview aux médias algériens, passée à l’antenne de toutes les télévisions algériennes, dimanche 20 septembre 2020, simultanément avec l’enquête explosive de M6, “l’Algérie, le pays de toutes les révoltes”, le président mal-élu a fait cet aveu déconcertant: “Ce n’est pas un secret d’État que je vais dévoiler, nous savions depuis trois mois que quelque chose était en train de se préparer au Mali”, a-t-il affirmé, en allusion au coup d’État militaire perpétré le 18 août 2020, lequel a abouti au renversement du président de la république du Mali, Ibrahim Boubakar Keita, au pouvoir depuis 2013.
Mais passons, car il y a pire. Les services algériens ont des liens avérés avec les groupes terroristes qui s’activent dans le nord du Mali, notamment les « Ensar Eddine » (Partisans de l’Islam) dirigés par Ag Ghali (ex-ami de feu Mohamed Abdelaziz, ex-chef du polisario décédé en 2015), l’État islamique dans le Grand Sahara (EIGS, Daech), sans compter le fils d’Annaba, Mokhtar Belmokhtar, alias « Al Aawar » (le Borgne), qui se revendique d’Al-Qaïda au Maghreb islamique (Aqmi)…
Il va de soi qu’Alger nourrit tous les germes de déstabilisation au Mali, en Libye, Niger… pour ne pas parler du Sahara marocain à travers le soutien financier (500 milliards déboursés au FP depuis l’éclatement du conflit), sans compter la mobilisation de tous les moyens diplomatiques algériens au service de l’entité séparatiste…