
Depuis le 23 mars 2021, le Maroc vit au rythme d’une transformation majeure de son système de protection sociale. Cette date marque le lancement effectif de la généralisation de l’Assurance Maladie Obligatoire (AMO) à travers l’adoption de la loi 09-21.
Impulsé par la vision éclairée de Sa Majesté le Roi Mohammed VI, ce chantier stratégique vise à garantir une couverture médicale universelle à l’ensemble des marocains. Aujourd’hui, cet objectif ambitieux est sur le point d’être pleinement réalisé : l’AMO n’exclut désormais aucun citoyen.
Les chiffres parlent d’eux-mêmes. “La généralisation de l’AMO a permis, en 2025, de couvrir plus de 32 millions de bénéficiaires, soit 88% de la population, contre seulement 42% avant la généralisation”, selon une note de présentation du projet de loi de Finances 2026 publiée sur le site du ministère de l’Economie et des Finances.
D’après la même source, le régime “AMO-Tadamon” couvre actuellement près de 11 millions de bénéficiaires; le régime “AMO-TNS” (Travailleurs non salariés), lui, compte environ 4 millions de bénéficiaires, tandis que 313. 000 personnes sont immatriculées au régime “AMO-Achamil”.
Pour atteindre cet objectif, il a fallu déployer une véritable taskforce. Sur le plan législatif, l’ensemble des textes régissant l’extension de l’AMO ont été adoptés. Cette réforme vise à étendre la couverture médicale à l’ensemble de la population, incluant initialement les bénéficiaires du régime d’assistance médicale (RAMED) et les professionnels non-salariés.
Sur le plan opérationnel, la Caisse nationale de sécurité sociale, l’établissement public chargé de déployer la généralisation de l’AMO, a mis en place tous les dispositifs pour concrétiser le droit fondamental de tout citoyen d’accéder équitablement à des soins appropriés, préventifs et curatifs, sur l’ensemble du territoire national.
DE L’ASSISTANCE (RAMED) A L’ASSURANCE (AMO-TADAMON): LE PASSAGE FLUIDE
Le 1er décembre 2022 marque une étape décisive dans le processus de généralisation de l’AMO. Elle symbolise le passage du régime d’assistance médicale (RAMED) vers le régime d’assurance AMO-TADAMON, plus équitable et durable.
Ce basculement a permis aux ex- Ramédistes d’accéder au même panier de soins que les salariés du secteur privé, y compris dans les établissements de santé privés. Il garantit également la prise en charge, par l’État, des cotisations pour les personnes incapables de s’en acquitter.
Le passage à un régime unique a significativement renforcé l’accès aux soins pour l’ensemble de la population, en particulier les plus vulnérables. Il a également permis de corriger les dysfonctionnements du RAMED, notamment en matière de ciblage, puisque son dispositif d’éligibilité et de sélection laissait place à des écarts importants : un pourcentage non négligeable de bénéficiaires n’aurait normalement pas dû en bénéficier.
AMO TADAMON, AMO-TNS, AMO ACHAMIL: DES DISPOSITIFS D’INCLUSION MASSIVE
Pour assurer une meilleure mise en œuvre de la généralisation de l’AMO, le gouvernement a mis en place une architecture inclusive, articulée autour de régimes adaptés aux différentes catégories sociales, garantissant ainsi une couverture médicale pour l’ensemble de la population.
Les travailleurs salariés bénéficient du régime classique de l’AMO, lié à leur statut professionnel, tandis que les travailleurs non salariés disposant d’une activité génératrice de revenu sont couverts par le régime AMO-TNS.
Les personnes n’exerçant aucune activité professionnelle mais disposant de la capacité financière de cotiser relèvent du régime AMO-ACHAMIL. Enfin, les personnes en situation de vulnérabilité, incapables de s’acquitter des cotisations, sont prises en charge par le régime AMO-TADAMON, avec une contribution directe de l’État.
Cette structure cohérente et solidaire consacre le principe d’universalité de la couverture médicale, tout en tenant compte de la situation socio-économique de chaque citoyen.
Tout bien considéré, la Couverture Sanitaire Universelle n’est plus une ambition lointaine : ses fondements sont solidement établis et elle est désormais à portée de main. Seul hic au tableau, selon le Conseil économique, social et environnemental (CESE), près de 11 % des personnes immatriculées seraient en situation de « droits fermés », soit plus de 3,56 millions de citoyens.
Le problème se pose particulièrement chez les Travailleurs Non Salariés (TNS), dont une partie importante affiche des irrégularités persistantes dans le paiement des cotisations. Pourtant, ce paiement est indispensable à l’ouverture des droits.
En effet, la viabilité de ce régime fondé sur un principe de mutualisation, repose sur la contribution régulière de ses bénéficiaires. Or, dans les faits, la logique est souvent inversée : on ne cotise qu’en cas de maladie.
Contrairement à ce que l’on pourrait croire, la difficulté ne réside pas dans une incapacité à s’acquitter des cotisations mensuelles_ somme modeste avoisinant les 150 dirhams_ mais plutôt dans une mentalité réfractaire à l’idée de contribuer à un service d’intérêt public.
UN CAP AMBITIEUX : LA SANTE POUR TOUS
Consciente de cet enjeu, la CNSS a intensifié ses campagnes de communication et de sensibilisation sur tous les fronts (caravanes de proximité, médias, actions de communication digitales…) pour améliorer la perception de l’AMO auprès des populations concernées et expliquer pourquoi il est essentiel de payer sa cotisation.
Le message est clair : pour une contribution modeste, l’assuré bénéficie d’un large panier de soins, comprenant le remboursement partiel des soins ambulatoires auprès des cabinets médicaux privés, la prise en charge d’une partie des frais d’hospitalisation dans les cliniques et centres privés, et une prise en charge totale dans les hôpitaux publics.
Cette stratégie globale vise à instaurer une culture de solidarité nationale et à garantir un accès équitable aux soins pour chaque citoyen. Une mobilisation tous azimuts pour atteindre un cap historique : LA SANTÉ POUR TOUS.





