Confinement oblige, les Marocains, de nature très sociable, sont de plus en plus connectés, les messages Facebook, les discussions WhatsApp et les tweets ont bondi depuis la déclaration de l’état d’urgence sanitaire dans le Royaume.
La situation que vit le Maroc est inédite. Tout le pays vibre aux mêmes sensations d’angoisse, de peur, de solitude et de spiritualité depuis le début du Ramadan. Et pour assurer la continuité de la vie sociale, chamboulée par le confinement, les Marocains se tournent vers les réseaux sociaux.
Au début, la crise sanitaire semblait lointaine et les internautes marocains ne se sentaient pas concernés. Une insouciance qui a brutalement pris fin un 13 mars, après la décision de fermeture des crèches, écoles, collèges, lycées et universités du Royaume.
Depuis, l’ombre du Covid-19 plane sur le pays, l’activité des internautes marocains a changé et le débat a porté quasi-exclusivement sur la pandémie en témoigne l’explosion des publications depuis le 13 mars.
Selon l’étude « Social listening », réalisée par l’agence « Digital Equity », les Marocains ont publié, entre le 12 février et 12 avril derniers, 201.301 posts sur Facebook, qui ont généré 48,9 millions de réactions, 5,1 millions de commentaires et 5,8 millions de partages.
Ses publications sont essentiellement des liens qui renvoient à des informations fournies par les médias publics, souligne-t-on dans le même rapport. Sur twitter, les Marocains ont publié 376.244 tweets/retweets sur la même période. Le hashtag #stayathome est fortement utilisé par la twittoma marocaine.
Aussi, l’étude souligne le retour spectaculaire des médias publics et privés comme sources d’information fiables notamment face à la propagation des fake news. Ces médias ont attiré un grand trafic sur les réseaux sociaux.
Le Covid-19 a également consolidé l’audience des influenceurs proches des couches populaires. En contrepartie, les stars du show-biz, de la mode et de la musique, assez présentes avant le Coronavirus sur les réseaux sociaux, sortent des radars.
Quant aux sujets de discussions, les conversations ont porté sur plusieurs thématiques notamment la recherche de vaccins, le port des masques, la situation des MRE, le Fonds spécial dédié à la gestion de la pandémie et plus récemment le déconfinement.
Et plus que les informations sur le virus, les fake news se sont propagées comme une traînée de poudre. Face à ces intox, la toile marocaine a vu apparaître une nouvelle forme de décryptage collectif des données, notamment à travers des pages comme « tahaqaq », des groupes sur Facebook et des hashtags sur twitter.
Les réseaux sociaux ont également connu une mobilisation civique et un élan de solidarité sans précédent. Fini la course aux likes et la compétition des égos, chaque individu s’adresse aux autres, non pas pour se mettre en valeur, mais pour les aider, les soutenir et les consoler.
Le Maroc a rarement connu une assez forte mobilisation de toute sa population et un large consensus autour des décisions prises par les autorités. Ce consensus a affecté le ressenti des internautes qui oscille entre solitude, peur, fierté et espoir.
Boutaina RAFIK-MAP