Par: Marco BARATTO *
La présence juive au Maroc remonte à une antiquité profonde, faisant de ce pays l’un des territoires où le judaïsme s’est enraciné de manière continue pendant plus de deux millénaires. Bien avant l’arrivée de l’islam, des communautés juives existaient déjà dans différentes régions, participant à la vie économique et culturelle des sociétés locales.
Selon les traditions et certaines sources historiques, des juifs se seraient installés au Maroc dès l’Antiquité, peut-être à la suite de la destruction du Premier et du Second Temple de Jérusalem. Ces communautés anciennes se sont progressivement intégrées aux populations amazighes, donnant naissance à des formes de judaïsme profondément marquées par le contexte nord-africain.
Avec l’arrivée de l’islam au VIIe siècle, les juifs du Maroc ont trouvé leur place dans un nouvel ordre politique et religieux. Reconnus comme « gens du Livre », ils ont bénéficié d’un statut spécifique qui leur permettait de pratiquer leur religion en échange de certaines obligations. Cette situation, bien que marquée par des limites, a permis la continuité de la vie juive et l’épanouissement de centres intellectuels et spirituels.
Un tournant majeur survient à la fin du XVe siècle avec l’arrivée massive des juifs expulsés d’Espagne. Ces réfugiés, porteurs de la culture séfarade, ont profondément transformé le judaïsme marocain. Ils ont introduit de nouvelles traditions liturgiques, une langue – le judéo-espagnol – et des réseaux commerciaux étendus, renforçant le rôle des juifs dans les échanges régionaux et internationaux.
Au fil des siècles, les communautés juives se sont développées dans les villes impériales et les ports atlantiques. Elles ont donné naissance à une riche production culturelle : poésie religieuse, musique, commentaires bibliques et traditions populaires. Cette culture juive marocaine, à la fois fidèle à ses racines et ouverte à son environnement, constitue aujourd’hui un patrimoine d’une valeur inestimable.
L’ancienne présence juive au Maroc ne s’est pas effacée. Elle demeure inscrite dans les paysages urbains, les noms de lieux, les récits familiaux et les initiatives de sauvegarde patrimoniale.
Évoquer l’ancienne présence juive au Maroc, notamment à l’occasion de Hanoucca, revient à reconnaître une histoire longue, complexe et profondément marocaine. C’est affirmer que le judaïsme n’est pas un élément étranger, mais une composante constitutive de l’histoire du pays, dont l’héritage continue d’éclairer le présent et d’inspirer l’avenir.
- Essayiste et analyste politique italien
