
Par: Mohamed KHOUKHCHANI

Les réseaux sociaux ne sont plus de simples espaces de divertissement. Ils sont devenus des instruments politiques puissants, capables d’informer, d’influencer et parfois même de manipuler des millions de citoyens. Leur rôle dans la formation de l’opinion publique et dans les campagnes électorales ne cesse de croître.
Quand la politique s’invite dans le numérique.
De Washington à Rabat, les dirigeants politiques ont compris l’importance stratégique de ces plateformes. Le président américain Donald Trump a fait de Twitter son principal outil de communication, court-circuitant les médias traditionnels. En France, Emmanuel Macron a su mobiliser les jeunes électeurs via les réseaux lors de sa première campagne.
Au Maroc, de nombreux partis misent désormais sur Facebook, TikTok ou Instagram pour séduire les jeunes, au détriment de la presse classique. Des figures comme Nabila Rmili ou Mehdi Bensaid ont su utiliser ces canaux pour façonner leur image, parfois avec plus d’efficacité qu’une couverture télévisée.
La tentation de la manipulation.
Mais derrière cette révolution numérique se cache un danger : la manipulation de l’opinion. L’affaire Cambridge Analytica en 2018 a révélé comment des millions de profils Facebook avaient été exploités pour influencer les électeurs lors du Brexit et des élections américaines.
Dans le monde arabe, les printemps arabes ont démontré le pouvoir des réseaux à mobiliser les foules… mais aussi la capacité des régimes à les surveiller et à les infiltrer.
Plus récemment, les élections européennes de 2024 ont vu se multiplier les campagnes de désinformation alimentées par de faux comptes ou des vidéos générées par l’intelligence artificielle.
Une menace pour la démocratie ?
Les réseaux sociaux ne sont pas neutres. Leurs algorithmes privilégient les contenus émotionnels, polarisants, voire mensongers. Ce mécanisme, fondé sur la recherche du clic, enferme les citoyens dans des bulles idéologiques.
Résultat : la nuance disparaît, la radicalité s’installe. La liberté d’expression se trouve paradoxalement menacée par les discours de haine et la désinformation qui saturent l’espace numérique.
Entre éducation et régulation.
Face à cette dérive, plusieurs États ont pris des mesures. L’Union européenne, à travers le Digital Services Act, impose désormais plus de transparence aux plateformes. Le Maroc, de son côté, réfléchit à une régulation plus claire du contenu numérique pour lutter contre les « fausses nouvelles » sans restreindre la liberté d’expression.
Mais la véritable bataille est éducative : il faut apprendre à distinguer le vrai du faux, le débat de la manipulation. Les réseaux sociaux resteront ce que nous en ferons — des outils de liberté ou des armes de contrôle.





