« Il est temps de rallumer les étoiles » Apollinaire
La Fondation Ali Zaoua porte bien la culture dans son cœur. C’est dans le partage que se construit son projet animé par l’esprit de démocratiser la culture. La création des Centres Culturels Les Étoiles dans les villes de Casablanca, Tanger, Fès et Agadir et pour bientôt à Marrakech, traduit la volonté d’offrir aux laissés-pour-compte un havre de la disparité culturelle. Les jeunes doivent être accompagnés par un programme culturel meublant ainsi le temps perdu qui peut engloutir les esprits vifs de cette jeunesse.
Ces centres sociaux-culturels présentent un programme varié et riche en s’inscrivant dans la transmission et la sensibilisation aux genres artistiques. Cela dit, le volet de l’apprentissage des langues, porte aussi la marque d’ouverture sur le monde afin d’assurer à ces jeunes la possibilité de parler la langue de l’Autre et d’asseoir un vrai statut du citoyen du monde. Sans cette ouverture, le repli sur soi peut installer ses fantômes au sein du théâtre de l’obscurité.
Il faudrait rappeler la genèse du projet du Centre Culturel Les Étoiles de Sidi Moumen, le premier à voir le jour le jeudi 23 octobre 2014. C’est grâce au roman de Mahi Binebine qui porte d’ailleurs le nom de « Les Étoiles de Sidi Moumen », une introspection dans les esprits de ces jeunes qui viennent du quartier populaire de Sidi Moumen à Casablanca et une tentation de comprendre cette trajectoire maléfique qui a amené ces protagonistes à commettre le drame qui va marquer Casablanca « Les attentats du 16 mai 2003 ».
Un moment bouleversant qui a enlevé le voile sur un mal bien caché et une violence inouïe due à l’isolement de ces jeunes qui ont vendu leur âme aux démons de la mort atroce. Nabil Ayouch a adapté le roman pour son film « Les chevaux du dieu » en 2012. Un film qui est un succès énorme auprès de plusieurs festivals prestigieux à travers le monde. Ce succès a suscité chez Nabil Ayouch et Mahi Binebine le souci du partage en mettant en place ce centre baptisé les Étoiles de Sidi Moumen dédié aux jeunes avec comme objectif l’initiation aux vertus de la culture. Cette dernière ne peut être que salvatrice.
Mais il s’est avéré que ces derniers temps, le secteur culturel souffre d’un manque substantiel d’acteurs culturels bien formés dans la gestion, l’administration et la médiation culturelle. Un tour d’horizon nous renseigne sur la situation alarmante au niveau des formations en termes de gestion culturelle.
C’est pour cela que des projets dans ce sens commencent à émerger afin de combler ce vide. Le dernier en date est le projet « SociabilArt », une formation initiée par la Fondation Ali Zaoua avec la complicité de la Fédération des Maisons de la Jeunesse et de la Culture de la région Ile de France (FRMJC IdF), avec un soutien exceptionnel de l’Institut français de Paris et de l’Agence française de développement (AFD).
Cette formation est étalée sur 3 ans, « une douzaine de professionnels de la culture, au Maroc et en France, vont bénéficier d’une formation active en matière de “Droits Culturels”, dans le but de développer leurs compétences pédagogiques en matière de transmission des pratiques artistiques afin de favoriser le lien social ».
Ce dispositif ne peut qu’ajouter une autre pierre à l’édifice des Étoiles ainsi qu’au secteur culturel en termes d’expertise culturelle au Maroc.