Les élucubrations du président Abdelmadjid Tebboune sont devenues si fréquentes et si criantes qu’elles ne cessent de faire l’objet de railleries chez les internautes aussi bien en Algérie qu’ailleurs. À sa mégalomanie, s’ajoute une logorrhée verbale presque pathologique qui fait dire à l’homme la chose et son contraire. La seule constance qui revient comme un leitmotiv dans ses discours est que l’Algérie demeure une puissance régionale, voire mondiale.
Il est vrai que la théorie de la suprématie algérienne est tout aussi véhiculée par Chengriha et ses subordonnés que par l’inénarrable chef de la diplomatie anti-marocaine, Ramtane Lamamra. Mais le président détient la palme de la divagation quand il prend la parole aussi bien dans ses interviews que dans ses discours.
Lors d’une réunion avec les gouverneurs, samedi dernier, il n’a pas pu maîtriser son incontinence verbale en ressassant ce que les maîtres généraux lui ont appris: « L’Algérie est une force, une force de frappe. Le monde entier reconnaît l’Algérie, sauf certains Algériens qui ne font que critiquer (…) Tout le monde sait que l’Algérie est une force régionale et d’équilibre dans la région (…) C’est un problème de dignité nationale ».
« Dignité nationale », avez-vous dit ? Autrement dit, les Algériens qui ne croient pas, à juste titre d’ailleurs, que l’Algérie soit une puissance régionale, seront accusés d’atteindre à la dignité nationale. S’ensuit alors l’annonce prématurée de la fabrication du vaccin chinois en Algérie non sans s’en approprier la paternité: « Dans quatre jours, nous allons fabriquer un vaccin… algérien. C’est çà l’Algérie !!! Nous devons être la locomotive, pas le wagon de n’importe qui… ».
Avec le même ton hautin, Tebboune croit avoir inventé la poudre quand il déclare qu’une allocation de chômage sera accordée aux jeunes dès 2022: « L’Algérie est le premier pays de sa taille à instituer une telle allocation… ».
L’adjectif « premier » qu’il soit au masculin et au féminin est employé à toutes les sauces sauf quand le président algérien perd le fil de sa pensée et passe à un autre sujet sans transition: « L’Algérie fait face aux attaques de nombreux sites internet dont 97 sont installés dans les pays voisins, à l’exception de la Tunisie ». 97 et pas 100, Tebboune est fortement nourri par l’esprit cartésien.
Sauf qu’i y a quelque temps il n’accusait que le Maroc et Israël de le cibler via internet. Aujourd’hui il y ajoute la Mauritanie dont la presse est suspectée, à tort cette fois-ci, d’être pro-marocaine. C’est à la fin du discours, toujours improvisé, qu’il reprend conscience sans s’en rendre compte pour dire une vérité crue: « L’Algérie dispose d’une économe sous-développée qu’il faudra faire passer de la rente à une économie de la connaissance et de la performance ».
Contradiction flagrante: On ne peut pas avoir une économie sous-développée et prétendre être une force de frappe. Le chef de la diplomatie anti-marocaine, Ramtane Lamamra, qui a battu le record mondial des rencontres avec ses pairs lors de la tenue de l’assemblée générale de l’ONU, élude sciemment cette réalité amère.
Il devrait revenir sur terre et représenter son pays avec sa véritable taille et non comme une superpuissance en évitant de twitter qu’il a évoqué avec ses interlocuteurs la situation dans plusieurs régions du monde et les grands défis de la planète.