Dix jours après l’arrestation et la séquestration de Boualem Sansal à Alger, on est toujours sans nouvelle de cet intellectuel engagé, 75 ans. Sa famille et proches, ses amis et frères de plume s’inquiètent sérieusement pour l’auteur du «Serment des Barbares», une chronique amère de la tristement célèbre décennie noire (90) et son lot infini de victimes civiles – 250. 000 morts-, parue en 1999 aux éditions Gallimard.
Vendredi dernier, les éditions Gallimard ont publié un communiqué dans lequel elles ont exprimé leur «très vive inquiétude à la suite de l’arrestation de l’écrivain par les services de sécurité algériens» et appelé à «la libération immédiate de l’écrivain».
Un appel resté sans écho, pas plus d’ailleurs que celui lancé par le magazine français «Le Point», auquel se sont joints nombre d’écrivains, dont quatre Prix Nobel de Littérature : Annie Ernaux, Salman Rushdie, Orhan Pamuk, JMG Le Clézio et Roberto Saviano.
Au sein de la classe politique française, des voix s’élèvent aussi pour exiger la libération immédiate et sans conditions de l’écrivain. «Boualem Sansal est enfermé par le régime algérien. Il a 75 ans. Nul ne sait ce qui peut lui arriver. L’Union européenne doit exiger sa libération immédiate», lance la députée Sarah Knafo dans une lettre adressée à ses collègues.
Boualem Sansal est enfermé par le régime algérien.
Il a 75 ans. Nul ne sait ce qui peut lui arriver.
L’Union européenne doit exiger sa libération immédiate.
Voici ma lettre envoyée à mes collègues députés. ⤵️ pic.twitter.com/4kv1EmuNDG
— Sarah Knafo (@knafo_sarah) November 22, 2024
La nomenklatura névrotique d’El Mouradia n’a pas trouvé mieux à y opposer que le recours à l’enfumage, le complotisme, voire l’invective, comme le démontre cette dépêche nauséeuse de son agence officielle parue il y a deux jours sous ce titre pathétique: «Sansal, pantin du révisionnisme anti-algérien». Une attaque en règle contre Sansal, dont le seul « délit », semble-t-il, est d’être écrivain, de porter les mots aux maux d’une Algérie mise en coupe réglée par un régime prédateur, dont l’agressivité n’aurait d’égale que sa peur des idées, son incapacité à tolérer la critique ou à engager un dialogue constructif avec ses propres intellectuels.