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Boualem Sansal est libre, quid de l’Algérie, cette caserne (et prison) à ciel ouvert ?! 

Retour sur la saga du plus "MAROCAIN" des écrivains franco-algériens

L’écrivain franco-algérien Boualem Sansal, 81 ans, a quitté l’Algérie hier mercredi 12 novembre, avec l’espoir peut-être de ne plus y remettre les pieds, tant que l’Algérie, qui traîne la sinistre réputation de pays-caserne et de prison à ciel ouvert, n’aura pas elle-même recouvré sa liberté des mains de la mafia vert-kaki qui gouverne le peuple d’une poigne de fer depuis l’indépendance de l’Algérie en 1962.  

“Après Sansal, puisse l’Algérie se libérer et réaliser les rêves de ses héros, de ses enfants”, écrit l’écrivain franco-algérien, Kamel Daoud, après l’annonce de la délivrance de Boualem par la présidence algérienne,  façade “si vile” d’une dictature qui ne dit pas encore son nom.

Comme par enchantement, cette même présidence a invoqué à cet acte de libération des “motifs (purement) humanitaires”, ceux-là mêmes qu’elle a toujours adoré abhorrer. Sinon, comment expliquer que cette présidence ait ignoré, durant 1 année, jour pour jour, les mêmes « motifs humanitaires » avancés par la France pour n’écouter finalement que ceux de l’Allemagne, où l’écrivain octogénaire a été évacué et hospitalisé hier mercredi au soir? 

 

 

Pourquoi Berlin et non pas Paris? 

Selon des bruits de couloir médiatiques, le président allemand Frank-Walter Steinmeier est intervenu lundi 10 novembre auprès du locataire du palais El Mouradia, Abdelmajid Tebboune, pour exiger de lui la libération immédiate de Boualem Sansal. Tebboune ne pouvait s’offrir le luxe de se faire soigner en Allemagne et laisser croupir en prison un écrivain âgé, dont les jours étaient en plus en danger en raison d’une maladie maligne. 

De deux choses, l’une: Ou bien le président Tebboune avait peur de se voir refuser l’accès aux hôpitaux allemands ou bien il redoutait les conséquences internationales fâcheuses du maintien en prison d’un écrivain visiblement amoindri par un cancer de la prostate. 

L’affranchissement de l’auteur du “Serment des barbares”, une chronique amère de l’Algérie durant les années noires de la guerre civile, est tout sauf “humanitaire”, un terme étranger à un régime comptable de la mort de 250.000 civils lors des années de balles et de larmes (90). 

Boualem Sansal le Marocain 

S’il est né à Tlemcen, en Algérie, où il a aussi grandi et fait carrière, Boualem Sansal n’a jamais renié ses origines marocaines. Il est issu d’un père marocain (Abdelkader Sansal) et d’une mère algérienne (Khdidja Benallouche), qui résidaient dans le Rif marocain avant de mettre le cap sur Tlemcen dans les années 1920. Une appartenance que Boualem a toujours revendiquée haut et fort, mais qui passait mal auprès d’un régime algérien viscéralement haineux et rancunier envers le Maroc. D’ailleurs, son arrestation le 16 novembre 2024 était intervenue aussitôt après une interview à un média français où il avait déclaré que les frontières du Maroc avaient été modifiées en faveur de l’Algérie durant la période coloniale française.

 

 

“Quand la France a colonisé l’Algérie, toute la partie ouest de l’Algérie faisait partie du Maroc, Tlemcen, Oran, jusqu’à Mascara. Toute cette région faisait partie du Royaume”, avait-il affirmé à notre confrère “Frontière”.

Et de rappeler encore: “Le Maroc, il faut le savoir, c’est le pays le plus ancien dans le monde. Le Maroc existe depuis 12 siècles. La France existe depuis 1000 ans. Le Maroc est un vieil Etat qui a toujours été puissant (…) Il a construit un empire jusqu’au Sénégal”. 

Et d’enfoncer le clou: “Le régime algérien est un régime militaire. Ce qu’ont fait les militaires, ils ont inventé le polisario pour déstabiliser le Maroc parce qu’ils voulaient un système communiste. Ils ne voulaient pas que les Algériens disent, peut-être que si on faisait comme le Maroc, ça serait mieux, ils seront plus libres, il y a le tourisme, les choses se passent mieux”.   

En assénant ces vérités historiques, l’écrivain Boualem ne croyait peut-être pas mettre le doigt là où ça faisait mal à un régime incurablement malade du Maroc. Soit. Il a eu le courage de le faire et c’est tout à son honneur. 

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