N’en déplaise aux chantres du néolibéralisme, cette crise a le mérite de dévoiler les faiblesses de la rhétorique mondiale en termes de coopération internationale.
Economie globale et globalisée, espaces d’intégration régionale ou continentale, coopération internationale, autant de locutions se raréfiant dans le langage ambiant.
Les tribuns de cet atticisme contemporain joignent leurs voix aux discours politiques par définition changeants, pragmatisme et machiavélisme obligent, qui s’orientent encore plus vers un nationalisme patriotique.
La communauté internationale, notion généralement contraire à son littéral, voit son approximation mise à nu ; notion qui est plutôt un euphémisme désignant un ensemble d’Etats tentant de défendre leurs intérêts respectifs dans des assemblées souvent aux pouvoirs plus moraux que juridiques.
Nous l’avons non seulement vu, mais vécu, lorsque le virus se propagea, les nations adoptèrent immédiatement des mesures qui leur étaient propres loin de toutes concertations ou ententes multilatérales.
D’ententes, ce sont plutôt les mésententes qui furent exacerbées, et à juste titre chacun se cloîtrant intrafrontières à l’instar de leurs citoyens intramuros.
Passé la première vague de panique, un brin de l’ancienne rhétorique réapparaît progressivement, malgré cette accentuation marquée de sentiments nationaux sinon nationalistes.
L’Etat providence et interventionniste jadis honni recouvre son blason qui à défaut d’être (re)doré, endettement oblige, est remis au goût du jour.
Devons-nous céder à une idéologie dominante, créant inégalités et paupérisation depuis des décennies, alors qu’à chaque crise majeure les réponses apportées sont souvent les moins originales et les plus classiques.
Rappelez-vous, l’interventionnisme « mesuré » de Keynes n’a-t-il pas été appliqué au berceau de notre modèle mondial au sortir de la seconde guerre mondiale ?
Cette première puissance aujourd’hui aux frontières fermées avec un Etat fédérateur qui redevient pour un temps régulateur et non exportateur de son idéologie.
Espérons que nos dirigeants et la « communauté internationale » auront la cohérence des idées avec la réalité, ainsi que le courage de remettre en cause des mécanismes mondiaux qui ne cessent de montrer leurs limites.