Le cinéma marocain a opéré son grand retour avec la sélection, en compétition officielle de la 74ème édition du Festival de Cannes, du long métrage « Haut et fort » du réalisateur marocain Nabil Ayouch. Un événement pour le cinéma marocain, qui ne s’était pas produit depuis la sélection en compétition officielle d' »Âmes et rythmes » d’Abdelaziz Ramdani, en 1962.
Sur cet exploit réédité à près de 60 ans d’écart, Nabil Ayouch affirme qu’il s’agit d’une source de grande fierté aussi bien pour le cinéma marocain que pour le Maroc. « Il s’agit là d’une grande fierté et d’un immense bonheur pour le film, pour les équipes qui y ont participé, pour les comédiennes et comédiens, pour le cinéma marocain et pour le Maroc », s’est-il réjoui dans un entretien accordé à la MAP.
Avec « Haut et fort », le cinéaste continue à ausculter la société marocaine d’aujourd’hui à travers l’histoire d’un professeur -un ancien rappeur- et de sa rencontre avec des jeunes dans un centre culturel à Sidi Moumen. De cette rencontre naîtra un échange avec les jeunes qui vont apprendre à transmettre leurs idées, vécu et aspirations à travers la culture hip-hop.
La dernière réalisation d’Ayouch s’inspire du film « Entre les murs » (France, 2008) de Laurent Cantet et « Fame » (USA, 1980) d’Alan Parker. D’ailleurs, les deux long-métrages ont été récompensés, de la Palme d’Or, pour l’un, lors du Festival de Cannes 2008, et de l’Oscar de la meilleure musique de film et de la meilleure chanson originale en 1980 pour l’autre.
Revenant sur ses choix cinématographiques, le cinéaste assure que « la sincérité dans ce que l’on raconte est probablement la chose la plus importante qui domine tout le reste ».
« Dans mon cinéma, on trouve des engagements pour des causes qui me semblent justes », a expliqué le cinéaste, qui a eu des participations distinguées à des festivals nationaux et internationaux de haute facture comme le Festival du cinéma africain à Khouribga, le Festival national du film de Tanger, le Festival du film de Toronto, le Festival du cinéma méditerranéen de Montpellier et le Festival du film francophone d’Angoulême pour ne citer que quelques uns.
« Il y a une volonté chez moi de rendre l’invisible visible et de rendre l’indicible dicible », a élaboré Ayouch au sujet de ses choix cinématographiques qui ont pour fil conducteur « la quête identitaire », « la diversité », « les minorités » et surtout « un amour pour le Maroc et pour le peuple marocain ».
Revenant sur cette quête identitaire, le réalisateur, qui a grandi loin du Maroc et plus précisément en banlieue parisienne, a réussi à « reconquérir » une partie de son identité marocaine et ce, grâce au cinéma, à ses premiers court-métrages et à ses premiers long-métrages.
« J’ai réussi à reconquérir cette partie de mon identité et d’une certaine manière à m’approprier cette culture ainsi que ses valeurs et à m’en sentir totalement rempli », a confié le réalisateur qui ne cache pas « l’immense source d’inspiration » que représente le Maroc à ses yeux.
En effet, le cinéma est « un lien et un vecteur identitaire très fort » ayant permis à Ayouch de conquérir cette partie de son intime. Aussi, ses voyages dans le Maroc profond lui ont permis de se rendre compte « qu’il y avait une âme marocaine et que cette âme est empreinte d’une immense diversité ».
« Moi-même, je suis issu de diverses cultures et c’est probablement pour cela que j’ai envie de montrer dans mes films le Maroc sous tous ses aspects et dans toute sa diversité », a-t-il dit.
Côté projets, Ayouch ambitionne de continuer à développer la Fondation Ali Zaoua, un projet utilisant l’art et la culture comme outil de réintégration sociale qu’il a lancé en 2009. Le cinéaste a d’ailleurs annoncé l’ouverture en octobre d’un cinquième centre culturel relevant de la fondation à Marrakech.
Aussi, le cinéaste a annoncé qu’il vient de terminer un scénario qu’il va tourner en 2022. « Vous n’en saurez pas plus. Je suis quelqu’un d’un peu superstitieux. Je préfère parler des choses quand elles se concrétisent ! », conclut Ayouch sur une note espiègle.