Le témoignage de Khadijetou Mahmoud, violée il y a 12 ans par le chef de la milice séparatiste Brahim Ghali dans les locaux de la pseudo-« ambassade du polisario » à Alger, a résonné de toute sa force jeudi 13 octobre 2022 au sein du Parlement européen, lors d’une audience organisée par la commission des droits de la femme et de l’égalité des genres (FEMM) sous le thème « les violences sexuelles et le viol comme abus de pouvoir », ainsi qu’au Press Club Brussels Europe, où elle a été co-invitée avec une autre victime de viol, en l’occurrence Toufah Jallow, « couronnée dans un concours de beauté en Gambie », qui « a été violée à plusieurs reprises par l’ancien président gambien, Yahya Jammeh ».
« Je n’avais que 18 ans, j’étais vierge. Brahim Ghali m’a violée. C’est la pire chose qui puisse arriver à une femme », a déclaré Khadijetou Mahmoud à la Commission des droits de la femme et de l’égalité des genres (FEMM), se disant « enthousiaste et motivée » suite à ses multiples rencontres ce jour avec différents eurodéputés de différents partis politiques, qui lui ont déclaré leur plein soutien à sa cause, rapporte le site europeantimes.news.
Témoignage de Khadijetou devant le Press Club Brussels
Lors de son témoignage devant un parterre de journalistes, Khadijetou Mahmoud a expliqué les faits de son expérience et ce qui s’est exactement passé ce jour-là en 2010 lors de sa rencontre à Alger avec le chef de la bande séparatiste, Brahim Ghali.
« C’est arrivé parce que j’avais continué à travailler comme traductrice dans les camps de Tindouf et je voulais être proche de ma famille après tant d’années », dit Khadijetou.
« Je voulais aider et collaborer. Malheureusement, ils me l’ont fait payer de la manière la plus cruelle et la plus misérable qu’on puisse imaginer. C’est l’abus que j’ai subi à l’ambassade [dite « RASD »] de Brahim Ghali (le secrétaire général du Polisario, qui m’a invité à lui parler puis m’a violée », ajoute-t-elle
« Malheureusement, la justice est bafouée. Comme je l’ai dit à plusieurs reprises dans des interviews, je n’attends plus que la justice divine car je ne crois plus à la justice aujourd’hui. Comment un cynique et un violeur peuvent-ils voyager librement et être autorisés à entrer sur un territoire comme l’Espagne où il est poursuivi par plusieurs victimes et ONG? », s’interroge la victime.
« C’est vraiment cruel de la part de la justice espagnole. Mais je suis toujours là, en train de me battre », assure-t-elle.
Pour sa part, Mme Sophie Michez, avocate au barreau de Bruxelles, a rappelé qu’elle n’était pas surprise des faits dont sont accusés Brahim Ghali et tous les membres de ce mouvement (le Polisario). Elle est revenue sur son expérience d’observatrice lors du procès dit de Gdeim Izik en 2017, soulignant l’instrumentalisation par l’Algérie de la question des détenus de droit commun à Gdeim Izik. En effet, les chefs d’inculpation pour lesquels les prévenus étaient poursuivis portaient sur la constitution d’un gang, les meurtres de onze individus, pour avoir mutilé des cadavres et pour avoir incendié des biens publics.
Sophie Michez s’est également félicitée des procédures qui ont été prises lors du procès, qui, « contrairement à ce que certains prétendent, ont confirmé l’intégrité et la justesse des pratiques de référence », a-t-elle déclaré.
En ce sens, la conférencière a déclaré que ce qui l’interpellait vraiment à l’époque était « le mépris des victimes et, pire encore, le talent qu’avaient ces différents protagonistes, sous la coupe du Polisario, à nier la barbarie des faits pour dont la Cour avait été saisie ».