Le Rassemblement pour la Culture et la Démocratie (RCD), l’un des principaux partis d’opposition en Algérie, a dénoncé une « répression sans précédent » dans ce pays.
La « dégradation de la situation des droits humains et des libertés individuelles et collectives n’est plus à démontrer et le nombre de détenus politiques et d’opinion ne cesse de croître », lit-on dans un communiqué publié à l’issue d’une réunion du secrétariat national du RCD.
Le parti a fait savoir que « près de 400 militants, dont 7 femmes, sont en détention dans les prisons algériennes », exigeant la libération immédiate et inconditionnelle de tous les détenus d’opinion et politiques, leur réhabilitation et leur indemnisation.
« Comme ultime recours et pour faire entendre leurs revendications, 46 d’entre eux se sont mis en grève de la faim depuis le 28 janvier 2022″, a-t-il ajouté.
La formation politique fustige les tenants du pouvoir, affirmant qu’ »au lieu de prendre acte, d’assurer un suivi médical et de répondre à leurs doléances, ils ont fait dans le déni et, en représailles, ont procédé au transfert de certains vers d’autres prisons ».
Il a relevé que la commémoration du 3e anniversaire de la révolution populaire de février 2019 (Hirak) a été « caractérisée par une répression sans précédent qui a donné lieu à une vague d’arrestations assimilable à une véritable chasse aux sorcières ».
« Le ridicule a été atteint par ce pouvoir de fait, qui a perdu le sens de la mesure en procédant au détournement, dans la wilaya de Béjaïa, d’un bus de transport universitaire vers un commissariat de police », note-t-on dans le même document.
En outre, le RCD a déploré les « tâtonnements, les faux pas et la gestion hasardeuse et dangereuse de la vie politique du pays (qui) ont donné lieu dans un premier temps à la publication au journal officiel de la république d’un arrêté ministériel portant listes nationale des personnes et entités terroristes en application de l’article 87 bis du code pénal et dans un deuxième temps au retrait pur et simple de ce texte du site du journal officiel ».
Selon le communiqué, cette violation de droit des plus élémentaires qui est celui de la présomption d’innocence constitue une illustration de plus de l’immixtion du pouvoir exécutif dans le domaine des compétences de la justice.
Au plan socio-économique, le RCD estime que la situation « ne cesse de se dégrader dangereusement, jetant des pans entiers de la population dans la misère et l’incertitude ».
Il fait observer que le pouvoir en place demeure « incapable de se départir de sa logique rentière et de mettre en place une stratégie claire pour impulser la croissance économique ».
Dans sa diatribe, le secrétariat national du RCD fait état de « décisions prises au mépris des règles juridiques », citant le cas de celle relative au gel et à la suppression, pour certains produits importés, des impôts et taxes pourtant contenus dans la loi de finances 2022.
« Ces décisions illustrent, on ne peut mieux, la cécité, l’amateurisme et l’incompétence criants qui règnent dans la sphère décisionnelle », a-t-il assené.
Il considère, en outre, que « l’allocation d’une prime d’aide aux chômeurs, quoiqu’indispensable, ne peut pallier l’absence d’une politique de l’emploi et dissimuler la paralysie de la relance économique », estimant que « cette mesure, qui en réalité exclut une grande partie des Algériens sans emploi, est loin de répondre aux exigences économiques et sociales des Algériens, y compris bénéficiaires, qui font face à une terrible dégradation de leur pouvoir d’achat et de leurs conditions de vie ».
Pour le RCD, le moment choisi pour le lancement de cette opération et la tranche d’âge ciblée n’est, en fait, qu’ »une vaine tentative de séduction d’un pouvoir aux abois en direction d’une jeunesse qui lui a définitivement tourné le dos ».
Preuve en est le départ de 1.200 médecins et de centaines de jeunes harraga qui « ne sont que l’expression d’un désespoir qui gagne de larges couches de la population et d’un divorce consommé avec le pouvoir de fait », a-t-il soutenu.