DES CINÉASTES APPELLENT L’ÉTAT AU SECOURS FACE À UN CCM PÉREMPTOIRE ET ALLERGIQUE AU DIALOGUE !

**Des cinéastes excédés

« Trop c’est trop ! »,  s’indignent  les cinéastes.  Le directeur actuel du CCM Sarim Fassi Fihri a réussi à faire une exceptionnelle unanimité – toutes générations et profils confondus – contre sa gestion.  Y compris de la part de structures représentatives de la profession.

60 cinéastes affligés viennent de publier « Une lettre ouverte » intitulée « Sauvons le Cinéma Marocain »,  signée par « Les professionnels du cinéma et de l’audiovisuel en colère » et dont le Collimateur.ma a reçu une copie.

La lettre sera remise, mardi 4 mai,  au  ministre Othman El Ferdaous par une délégation représentative  des cinéastes.

Des cinéastes qui ont beaucoup donné à la filmographie marocaine comme  Latif Lahlou, Abderrahmane Tazi, Noureddine Lakhmari, Hicham Hajji, Lamia Chraibi, Hicham Lasri, Driss Chouika et tant d’autres… s’estiment quasi « infantilisés« .

Ils affirment qu’ « Après plusieurs tentatives de dialogue sans succès, ce cri est un appel au secours pour proposer une refonte d’une Institution qui ne semble plus savoir quoi faire et qui pourtant agit à contre-courant de l’orientation des plus hautes autorités de l’Etat« .

**Le CCM stagne encore dans « l’ancien concept de  l’autorité »

Le CCM stagne encore dans tous les travers de « l’ancien concept d’autorité » qui n’est plus de mise dans le Maroc aujourd’hui grâce aux politiques publiques éclairées déployées par l’État.

Dans cette lettre ouverte, il est reproché au directeur des décisions non motivées ou carrément  incompréhensibles:

« Pénaliser les projets suspendus à cause de la pandémie / Retirer arbitrairement des cartes professionnelles/ Refuser le cas de force majeure pour une dérogation de délai avant tournage/ Imposer des délais de tournage irréels en temps de Covid/ Abuser de son pouvoir en retirant les tranches de l’avance sur recette restantes à des films déjà déposés sans s’en justifier/ Imposer d’une manière anticipée des remboursements de l’avance sur recette/ Intervenir auprès de certains membres de la commission de soutien au cinéma – voulue indépendante et nommée par le Ministre –  pour imposer des choix de films, exclure certains cinéastes/ Supprimer sans raison des sessions de  la commission de soutien au cinéma privant ainsi la production nationale de plus de 20 Millions de Dirhams et la mémoire nationale cinématographique d’une dizaine de films/… ».

**Usure et essoufflement

Il est à rappeler que Sarim Fassi-Fihri, né en octobre 1958 (producteur de cinéma et propriétaire des studios Cinedina ) a été nommé directeur du CCM le 2 octobre 2014 par le gouvernement Benkirane …

Il succéda à Feu Noureddine Sail, professeur de philosophie, critique de cinéma et passionné d’audiovisuel qui avait de profondes divergences avec Mustapha El Khalfi, ex-ministre PJD de la communication.

Tout le monde sait que la culture et les arts ne sont pas une priorité pour les islamistes… Cinéma, théâtre, musique, danse, arts plastiques, complexes culturels… relèvent pour eux du superflu et du dérisoire.

Sarim Fassi Fihri a atteint l’âge de la retraite en 2018. Il a été reconduit à 3 reprises par le gouvernement Othmani: 2018, 2019 et 2020. Sa dernière reconduction d’octobre 2020, le fut par une « simple lettre » (Rissala) du chef du gouvernement. Ce qui a amené la Chambre des producteurs à saisir la Justice administrative. 

Depuis, aucun  « appel à candidatures » pour la nomination d’un nouveau directeur n’a été lancé. Aujourd’hui le milieu du cinéma est déchiré et c’est une situation « inespérée » pour certains. Le CCM a grandement besoin d’apaisement et d’un nouveau souffle…