L’œuvre de Mansouri Idrissi semble résister à un classement définitif. Les lectures sont diverses: néo-impressionnisme, hyper impressionnisme, impressionnisme contemporain, lyrisme, onirisme, mysticisme, spiritualité…
L’absence du consensus critique montre que cette œuvre comporte des éléments constitutifs d’une démarche plastique très singulière et innovatrice.
Libérée de tout appui ou référence extérieure, l’œuvre tient par elle-même, conformément au principe de Kandinsky sur l’abstraction plastique.
Le travail de Mansouri Idrissi explore avec intensité cette voie. A travers une recherche chromatique poussée et complexe, il traite la couleur de manière paroxystique.
La couleur devient signifiant, signifié et référent. Elle est au service d’elle-même. Elle constitue la « centralité » et le « cœur » de l’œuvre.
Une exubérance de couleurs agencées et ordonnées à travers une remarquable maîtrise des nuances et des teintes. Une fragmentation infinie et fascinante des tons et des carnations.
La technique picturale de Mansouri Idrissi donne l’impression que la « matière » posée sur la toile est une « émanation » vaporeuse et éthérée.
Effet optique indéniable… la couleur semble flotter ou planer à « quelques millimètres » au dessus de la toile, comme en état de suspension…
A chaque regard porté sur le tableau, on perçoit une résonance autre, constamment renouvelée.
Son œuvre pourrait être lue, avant tout, en tant qu’ « équation chromatique ».
Mais elle comporte aussi une « dimension spirituelle » qui vient… « après » cette équation centrale de la couleur.
Face à la beauté des couleurs, Kandisky a employé la notion de « friandise ». Paul Klee a complété par un autre énoncé « friandise chromatique ».
Le travail de Mansouri Idrissi parvient à combiner la notion de « friandise »… avec celle de la « spiritualité »… Cela peut sembler paradoxal… mais porteur d’une cohérence que seuls les fascinés par le mystère de la lumière et de la symbolique des sept couleurs de l’arc en ciel comprendront.
Si l’ expérience de cet artiste pose d’abord la question essentielle du « mystère de la lumière et des couleurs »… elle soulève aussi la question du « mystère de la vie et des origines ».
Mansouri est né au cœur de la vieille ville de Rabat. Son père était imam de la mosquée Al Fallah, une des plus anciennes de la Médina.
On peut l’imaginer, encore enfant, montant plusieurs fois par jours au haut du minaret (et il l’a confirmé) pour contempler le fascinant panorama coloré, enluminé et changeant de la vallée de Bouregreg.
Lors de sa prime jeunesse, son imaginaire s’est déjà définitivement imprégné… en faisant le lien entre les « couleurs » (de la vallée) et ce lieu d’observation (édifice dédié au culte et à la « spiritualité »).
Ces multiples imprégnations ont généré une grande accumulation esthétique. Face à la toile, son imaginaire fait remonter spontanément les lumières et les couleurs de ses origines – en une sorte de « transe créative » générant à l’infini des idées de composition.
L’œuvre est aussi reconnaissable par ces silhouettes, toutes happées vers le haut, évoquant élévation et transcendance.
Comme aussi des résurgences de mémoire, des réapparitions énigmatiques d’entités enfouies dans les tréfonds de l’imaginaire de l’artiste.
Toujours garder à l’esprit que le travail de Mansouri Idrissi est fondamentalement marqué par la fascination et l’exaltation de la lumière et de la couleur. Tout vient de là et tout y ramène !! (…) »