Décryptage. Ce qu’il faut retenir de la première sortie du Département d’État US au sujet du Sahara

La première déclaration de la nouvelle administration américaine au sujet de la question du Sahara est finalement tombée. À la question de savoir si l’Administration Biden a procédé à « une mise jour » de la décision prise sous son prédécesseur Donald Trump, le porte-parole du Département d’État, Ned Pierce, a répondu par la négative. « Je n’ai aucune mise à jour à vous donner pour le moment », a-t-il littéralement dit, hier mardi 22 février, lors d’un point de presse.

Sans vouloir forcer l’interprétation, l’Administration Biden n’a pas remis en question la décision US de reconnaître la marocanité du Sahara. Elle ne l’a pas pour autant reconnue solennellement. « Nous continuerons à soutenir le processus de l’ONU pour une solution juste et durable au conflit de longue date au Maroc ».

Vous avez bien lu: « le conflit de longue date AU MAROC » et non dans la région.

Venant d’un haut responsable US connaissant bien ses dossiers et maîtrisant parfaitement son langage, cette précision peut être interprétée comme une reconnaissance implicite de la marocanité du Sahara. Mais faisons attention à ne pas aller vite en besogne. À peine un mois s’est écoulé depuis l’investiture de Joe Biden, autant dire qu’il est prématuré de se hasarder à des conclusions hâtives. La nouvelle administration US a besoin de temps et c’est tout à fait compréhensible. 

« Nous supportons également le travail de la Minurso pour son monitoring du cessez-le-feu et sa préservation de la violence dans cette zone », a marqué le porte-parole du Département d’État.  L’option du « référendum d’autodétermination » prônée par la partie adverse est de facto balayée par l’Administration Biden, elle n’est d’ailleurs plus d’actualité depuis l’an 2000 dans les résolutions du Conseil de sécurité, dont le porte-plume (pen-holder) n’est autre que les USA.

Récapitulons: soutien au processus de l’ONU pour « une solution juste et durable au conflit de longue date AU MAROC » et appel à « la préservation du cessez-le-feu ».

Maintenant, que peut-on déduire de cette première déclaration du Département d’État au sujet du Sahara?

– Un, l’Administration Biden ne s’est pas encore prononcée ouvertement concernant la marocanité du Sahara. Mais le fait que cette administration ne s’est pas inscrite à contre-courant de cette décision constitue en soi une avancée pour le Maroc.

– Deux, le fait que la nouvelle Administration US s’inscrive dans la logique de l’ONU en vue d’ »une solution juste et durable au conflit de longue date au Maroc » n’apporte aucune surprise. Le Maroc a lui même été clair pour souligner, après la reconnaissance US de la marocanité du Sahara, son attachement au processus de l’ONU pour trouver une solution politique au conflit sur la base du réalisme et l’esprit du compromis.

– Autre indicateur envoyé par le porte-parole du Département Blinken, et il n’est pas des moindres: « Nous soutenons les étapes entreprises par le Maroc pour améliorer ses relations avec Israël ». Ce qui revient à dire que l’Administration Biden continuera à respecter les engagements scellés par les accords TRILATÉRAUX Maroc, Israël, USA, conclus le 22 décembre 2020 à Rabat.

Un package que le Maroc a su négocier intelligemment pour « normaliser » avec Israël. Le tout nouveau Secrétaire d’État US Antony Blinken, ami d’Israël et du Maroc, saisit trop bien l’enjeu de cette « normalisation » pour ne pas en tenir compte.