S/t. Les dysfonctionnements
Lecollimateur.ma a été destinataire d’un communiqué de la Chambre Nationale des Producteurs de Films (CNPF).
Ce communiqué a été publié après la séance de travail tenue, le vendredi 11 septembre 2020, par M. Othman El Ferdaous, ministre de la Culture, de la Jeunesse et des Sports, en présence du secrétaire général du département de la Culture, avec une délégation de la CNPF composée de Mohamed Abderrahman Tazi, Mohamed Abdelkrim Derkaoui, Hamid Bennani, Abdelmjid Bellouty et Driss Chouika. De grands noms du cinéma marocain.
Ce communiqué sans langue de bois a dressé un tableau sombre de la situation du cinéma marocain sous le mandat de « l’actuel directeur du CCM ».
La Chambre Nationale des Producteurs de Films, présidée actuellement par le cinéaste Latif Lahlou, a fait part au ministre des observations suivantes:
– La situation du cinéma est en régression depuis 6 ans dans tous ses segments, de la production à l’exploitation.
– Baisse quantitative et qualitative de la production nationale.
– Le nombre des prix obtenus par les films marocains dans les festivals internationaux a nettement diminué.
– Unilatéralisme des décisions du CCM et suppression des commissions paritaires.
– Refus de toute approche participative et démocratique, en synergie avec les organisations professionnelles.
– Les membres de la CNPF sont considérés comme persona non grata.
– Le milieu du cinéma est désormais divisé en 2 camps: celui des « amis » du premier responsable qui bénéficient de tous les « avantages »… et les autres qui n’ont droit à rien.
– Mise à l’écart des producteurs-réalisateurs, techniciens et comédiens de la CNPF du Fonds d’Aide à la Production Nationale, et non programmation de leurs films dans les festivals nationaux et internationaux.
– Après deux mandats (6 ans) de l’actuel directeur, il est nécessaire de donner un nouveau souffle et une approche rénovée par le lancement d’un appel à candidature pour la nomination d’un nouveau directeur qui sera chargé de dynamiser le secteur et l’assainir.
– Il est urgent d’examiner la possibilité de rouvrir des salles de cinéma et de théâtre pour redonner vie au secteur et à ses professionnels, notamment les techniciens et les comédiens sinistrés par la pandémie.
Le communiqué de la CNPF a précisé que le Ministre a pris note des doléances et propositions. Il a promis de les étudier en œuvrant à l’application ferme des lois et règlements en vigueur dans le secteur du cinéma.
S/t. Crise managériale au CCM.
De nombreux échos au sein de la communauté des cinéastes au Maroc font part d’une inquiétude grandissante concernant les dérives de la gouvernance du CCM.
Ces milieux estiment que lorsqu’un responsable est nommé à la tête d’un organisme public, il doit faire de son mieux pour en assurer le bon fonctionnement, en intégrant avec intelligence tous les paramètres du secteur.
Les lois et les règlements sont là pour encadrer l’action du responsable qui doit tout faire pour consolider, dans son domaine d’activité, les principes de l’Etat de droit.
Il doit motiver et expliquer ses décisions. Il doit être un bon communicateur, un homme d’écoute, de dialogue, de proximité, sage et fédérateur et surtout pas un « diviseur ».
Actuellement, le climat malsain est marqué par des rivalités, des querelles consternantes, des règlements de compte et des coups tordus. Au lieu de trouver des solutions, le management du CCM serait devenu une partie du problème. Tels sont aujourd’hui les principaux sujets des débats au sein de la communauté des cinéastes.
Le cinéma est la mémoire collective des peuples. Il ne peut être traité à la légère ou avec désinvolture. Les objectifs fondamentaux du CCM auraient été perdus de vue. Le cinéma marocain doit retrouver ses heures de gloire. L’État a fait un effort colossal pour le doter de moyens financiers importants. Encore faut-il que ce message soit compris !!
Or, selon ces milieux, très déçus, la disponibilité de moyens… au lieu d’améliorer la qualité du cinéma marocain et servir l’excellence… a aiguisé les appétits, installé parfois des connivences, des conflits d’intérêt et attiré les mercantiles… avec pour résultat la médiocrité.