RÉOUVERTURE DE LA FRONTIÈRE TERRESTRE ENTRE L’ALGÉRIE ET LE MAROC: LE PRÉSIDENT TEBBOUNE VA-T-IL FRANCHIR LE PAS?

Comme à l’accoutumé et selon les usages diplomatiques, les dirigeants des deux pays ont, courant juillet 2020, échangé des messages de félicitations à l’occasion de la fête nationale respective des deux pays. Si le texte du message du Roi Mohammed VI sacrifie aux usages diplomatiques en restant dans les limites de la courtoisie en la matière, le texte du message du président algérien surprend à sa lecture par l’affirmation suivante: « (…) FAISANT [le président] PART DE SA FERME DETERMINATION À CONTINUER À ŒUVRER POUR RAFFERMIR DAVANTAGE LES RELATIONS DE FRATERNITE, DE BON VOISINAGE ET DE COOPERATION UNISSANT LES DEUX PAYS ».

Le président d’un pays aussi important que l’Algérie ne saurait parler en l’air, faire preuve de mièvrerie ou d’espièglerie et encore moins de mauvaise foi. Conséquemment, félicitons-nous et préparons-nous à nous rendre auprès de nos frères algériens et à recevoir ceux-ci. Le président Tebboune ne vient-il pas de nous donner sa parole pour raffermir les relations séculaires et ancestrales qui existent entre les deux peuples ?

Adieu l’entêtement inutile et obsessionnel des anciens présidents algériens à vouloir séparer les deux peuples frères en maintenant les frontières fermées. Place à la fraternité, au bon voisinage et à la coopération que cette fraternité dicte à chacun de nous et surtout à nos gouvernements respectifs.

Les différends qui les séparent ? Il est vraisemblable que le président Tebboune a tout prévu et arrangé.

A vrai dire, le seul désaccord qui puisse contrarier sa volonté ferme et immuable, c’est la question du Sahara. Il se trouve qu’il est un homme de parole et qu’il ne peut, sous peine de discrédit, revenir sur le principe farfelu que ses prédécesseurs lui ont légué comme un boulet aux pieds— un principe est principe même saugrenu — de soutenir tout individu hurluberlu manifestant une volonté intéressée de s’autodéterminer au mépris de la réalité dans toutes ses dimensions.

Je mettrais ma main dans un pot de miel— je ne veux pas risquer ma main dans une bouillie (Assida) — que M. Tebboune, pour aller jusqu’au bout de « SA FERME DETERMINATION DE CONTINUER A ŒUVRER POUR RAFFERMIR DAVANTAGE LES RELATIONS DE FRATERNITÉ, DE BON VOISINAGE ET DE COOPERATION UNISSANT LES DEUX PAYS », prendra la sage décision, que le bon sens impose, de distinguer entre les liens de fraternité unissant les deux peuples marocain et algérien et une affaire que le mauvais héritage politique l’oblige à subir. Autrement, en tant qu’homme politique intègre, il n’aurait pas pris le risque de prendre un engagement que la réalité désavouerait.

Seigneur, faites que mon doux et délicieux rêve ne succombe pas aux assauts du souvenir des propos tenus par le président algérien lors des interviews qu’il avait données dernièrement à l’approche de la fête nationale de son pays.