Lettre ouverte à Monsieur Mustapha Ramid

Monsieur le ministre d’Etat chargé des droits de l’homme et des relations avec le parlement,

Tout d’abord je voudrais vous assurer que je ne suis qu’un simple citoyen marocain. Je ne suis ni affilié, ni sympathisant d’aucun parti politique. Je ne fais, non plus, partie d’aucune association quelque soit son but. En outre je n’ai pas l’habitude de m’occuper plus que n’importe quel citoyen lambda de politique intérieure ou extérieure. Ma seule préoccupation dévorante est de voir notre pays géré par des dirigeants réellement démocratiques. Autrement dit, dont la pratique s’harmonise et s’accorde à la la parole et aux exigences de la fonction qu’il occupe.

Je voudrais aussi vous assurer que je n’ai rien contre votre personne, ni contre votre parti politique. Mieux, je me dois de vous avouer que j’étais très content que votre majorité ait le rôle de chef d’orchestre dans la gestion du pays. Vous représentiez pour moi l’espoir d’un changement qui mènerait vers la démocratie et le respect des droits intrinsèques de tout marocain. Je reconnais tout aussi honnêtement, que cela n’a pas duré au-delà des quelques premières années. Néanmoins, à mon avis par rapport à tous les gouvernements précédents votre gouvernement mérite la mention de « celui qui a le mieux fait. »

Monsieur Ramid,

Je me suis, en tant que simple marocain croyant aux principes démocratiques dont vous vous réclamez, déjà prononcé sur l’affaire dont vous étiez le protagoniste et qui consistait en la violation des droits sociaux de la défunte secrétaire de votre cabinet d’avocats. J’attendais, vainement, que vous nous donniez la preuve de votre innocence dans cette affaire ou que vous démissionniez pour faire acte de résipiscence. Vous savez mieux que moi que dans les pays où les ministres respectent leurs concitoyens et leur engagement politique démissionnent pour beaucoup moins que la fourberie qu’on vous reproche. Vous n’avez rien fait. Vous avez préféré vous terrer dans le silence. On s’y est accommodé parce qu’au Maroc on s’adapte à tout et même qu’on avale délicieusement des couleuvres. Mais quand vous poussez l’effronterie jusqu’à vous positionnez avantageusement en défenseur acharné de la morale et de la vérité, je ne peux m’empêcher de vous dire qu’à mon avis les marocains s’en désolent affreusement.

Le 15 juillet 2020 vous avez déclaré à propos de l’accusation portée par Amnesty internationale contre le Maroc : «  L’organisation devra soit présenter des preuves matérielles, soit retirer ses accusations infondées si elle s’attache à sa noble mission de défense des droits humains et aux principes de crédibilité, de neutralité et d’objectivité. » (cf. Le collimateur, édition du 16 juillet 2020). Je vous avoue sincèrement que je suis choqué que vous osiez tenir, vous personnellement, ces propos et ce ton. Je vous souligne avec force insistance que je ne vous reproche pas d’avoir défendu notre pays et sommé Amnesty International de se conformer à la vérité et aux principes dont elle se réclame. Ce que je trouve choquant c’est que ce soit vous en personne, en chair et en os qui le fassiez. C’est parce que je conçois mal que quelqu’un qui prend allègrement ses aises avec la vérité puisse se prévaloir du droit moral d’exiger d’un autre avec qui il partage ce défaut de se conformer au devoir de vérité. Chacun d’eux sait à quoi s’en tenir à propos de l’autre. Comment Amnesty International va-t-elle prendre au sérieux vos propos quand elle sait que vous même ne vous conformez pas au devoir de vérité à l’égard de vos concitoyens et que vous vous en moquer comme d’une guigne ? Comment espériez vous que cette association dont la tutelle est diffuse sorte de son silence quand vous-même vous vous êtes muré dans un mutisme dédaigneux à propos de l’affaire de la déclaration aux organismes sociaux de la défunte secrétaire de votre cabinet d’avocats.

Personnellement j’aurais voulu que vous vous absteniez de faire cette démarche et laisser le soin de formuler cette exigence à une autre personnalité du gouvernement ou même un haut cadre de votre ministère. Ainsi vous auriez évité à notre pays le risque de s’exposer à la risée des pays démocratiques dont il aspire être un émule en politique. Vous auriez de même permis à chaque marocain, quand il discuterait de la démocratie dans son pays avec des étrangers de ne pas être acculé à baisser sa tête de honte ou éluder la question par des faux fuyants pour ne pas subir l’affront, quand on l’interpelle à propos de votre comportement en tant que dirigeant de notre pays.

Veuillez excuser ma franchise et vous prie de croire en mes sincères sentiments d’amour à l’égard de notre pays.