L’organisation de défense des droits de l’Homme, Amnesty International, a appelé les autorités algériennes à libérer immédiatement et sans condition au moins 266 militants et manifestants ayant pris part au mouvement de protestation du Hirak.
Ces détenus ont critiqué les autorités, dénoncé la corruption d’Etat ou exprimé leur solidarité avec des personnes en détention, a déclaré Amnesty International dans un communiqué.
La même source a rappelé qu’en mai 2022, des observateurs locaux ont signalé qu’au moins 266 militants et manifestants languissent dans les prisons algériennes pour avoir seulement exercé leurs droits à la liberté d’expression et de réunion, soulignant que les autorités algériennes sont appelées à « abandonner sans délai toutes les charges retenues contre ces personnes ».
« L’incarcération injustifiée de militant·e·s et de manifestant·e·s doit cesser », a expliqué la directrice adjointe pour le Moyen-Orient et l’Afrique du Nord à Amnesty International, estimant qu’ »il est honteux que les autorités algériennes continuent à invoquer des lois trop répressives et rédigées en termes vagues afin de poursuivre des personnes au seul motif qu’elles ont exercé de manière pacifique leurs droits à la liberté d’expression et de réunion ».
Elle a fait savoir que de nombreux manifestants sont maintenus en détention provisoire pour des périodes excessivement longues, alors que d’autres personnes ont été condamnées à des peines pouvant aller jusqu’à cinq ans de prison sur la base de charges trop générales et forgées de toutes pièces comme par exemple « atteinte » à la sécurité de l’Etat, « atteinte à l’unité nationale », « outrage » à un représentant de l’autorité publique, « incitation à attroupement non armé », propagation de fausses informations et terrorisme.
D’après Guellali, « soixante ans après que l’Algérie a acquis son indépendance, des libertés fondamentales et droits humains continuent à être négligés, bafoués ou activement restreints ».
Elle a rappelé la mort en prison, le 24 avril 2022, de Hakim Debbazi, un détenu lié au Hirak, dans des circonstances peu claires, rappelle Amnesty, notant que Debbazi se trouvait en détention provisoire depuis février 2022, après avoir partagé une publication faite sur une autre page Facebook, qui appelait à une manifestation pour marquer le troisième anniversaire du mouvement du Hirak.
Il a été poursuivi pour « incitation à un attroupement non armé », « outrage à des officiers publics » et publication de contenus de nature à « nuire à l’intérêt national », ajoute l’organisation, notant que le tribunal a rejeté une demande de mise en liberté provisoire déposée par ses avocats, mais n’a donné aucune explication pour ce refus.
Parmi toutes les affaires recensées par Amnesty International, au moins quatre détenus ont été visés par des procès supplémentaires alors qu’ils se trouvaient déjà en prison pour des infractions en relation avec des critiques formulées en ligne ou hors ligne sur l’Etat.
Après que le mouvement du Hirak a été interrompu en raison de la pandémie de COVID-19 en 2020, les autorités algériennes ont intensifié leurs sanctions contre l’opposition pacifique, a dénoncé Amnesty international, faisant observer que la répression accrue visant les personnes critiquant l’Etat ne s’est pas limitée aux Algériens à l’intérieur du pays, mais a également pris pour cible plusieurs individus résidant ou cherchant refuge à l’étranger.
Au moins deux demandeurs d’asile ont par ailleurs été expulsés en raison de leurs liens présumés avec des organisations non autorisées, tandis qu’au moins trois personnes ayant la double nationalité et résidant au Canada ont fait l’objet d’une arrestation arbitraire ou d’un interrogatoire à leur arrivée en Algérie, avant d’être empêchées de quitter le pays pendant des semaines, voire des mois, s’indigne la même source.