Hommage à feu Abdeladim Chennaoui

La scène marocaine est encore une fois orpheline d’un de ses pionniers, feu Abdeladim Chennaoui décédé hier vendredi 10 juillet 2020.

Tout le monde connaît et reconnaît son visage, avec son sourire bienveillant sous son éternelle moustache et ceux qui l’ont connu gardent et en garderont un excellent souvenir, loin de toute nostalgie ou idéalisation post-mortem.

Au-delà des formules d’usage de condoléances que nous présentons aujourd’hui à sa famille, ses proches, à la famille artistique et au peuple marocain, parlons un peu d’un long parcours d’un artiste aux diverses facettes.

Le meilleur des hommages, sans s’arrêter à une simple revue nécrologique, n’est-il pas de travailler à réhabiliter la mémoire et les œuvres de ceux qui nous ont quittés, dont feu Chennaoui est et restera un nom marquant ?

Abdeladim Chennaoui, né en 1939, est un acteur, mais pas que… C’est un homme des médias, télévision et radio, un metteur en scène et écrivain de théâtre mais également fondateur et directeur de troupe.

C’est aussi l’enfant de la résistance, puisque ses premières participations sur scène durant son enfance se firent dans son quartier d’enfance de Derb Soltan à Casablanca ; pièces qui, nous le savons, étaient portées par des résistants et se jouaient lors des fêtes locales.

Après cette période des années quarante, l’artiste en devenir intégra la décennie suivante la première télévision privée Marocaine, TELMA, tout en restant actif dans le théâtre amateur où le découvrit feu Bachir El Alj dans une pièce « Le pharmacien », écrite et interprétée par le jeune Abdeladim.

Cette rencontre permit à Chennaoui de devenir membre de la troupe théâtrale de ce dernier aux côtés entre autres de feu Bouchaib El Bidaoui, y faisant ses classes dans l’écriture, la mise en scène et l’interprétation.

Après l’intermède d’une formation dans la réalisation cinématographique au Caire en 1959/60, il revint au Maroc pour fonder sa troupe théâtrale «la Fraternité arabe » (Al Oukhouwa Al Arabiya) ; où participèrent  des artistes que nous connaissons tous: Mohamed Majd, Aid Mouhoub, Mohamed Benbrahim, Touria Jabrane, Abdellatif Hilal, Noureddine Bikr,  Salaheddine Benmoussa, Souad Sabir, Dassoukine Mustapha, Mustapha Zaari, Zhour Slimani et bien d’autres.

En parallèle de l’homme des planches, l’homme des médias ne fut pas en reste puisqu’il présentait des soirées et émissions artistiques, de divertissement ou d’humour pour le compte de la première chaîne marocaine depuis sa création durant les années soixante.

Citons également les nombreuses émissions qu’il a également présentées et animées pour la radio Médi1 depuis sa création en 1980 et ce, pendant près de deux décennies ; ainsi que pour la deuxième chaîne nationale entre 1998 et 1999.

Théâtre, radio, télévision et animation, Chennaoui était un touche-à-tout, un homme du spectacle mais pas que… Il était également un comédien très présent dans le cinéma et les œuvres dramatiques télévisuelles où beaucoup de nos concitoyens l’ont (presque) toujours connu.

La liste est longue d’un parcours où l’on sent et ressent l’amour des arts, d’un artiste prolifique aux multiples facettes ; et ce que l’on peut légitimement souhaiter, c’est que ses nombreuses réalisations ne tombent pas dans les oubliettes de la mémoire collective.

Adieu Abdeladim, Adieu l’artiste.