Escalade verbeuse de Tebboune contre les Emirats arabes unis: la réponse cinglante d’Abou Dhabi

Les récentes menaces déguisées du président algérien, Abdelmajid Tebboune, contre les Emirats arabes unis ne passent pas. Elles ont suscité de vives réactions de réprobation à Abou Dhabi, même si cette dernière s’abstient toujours d’y répondre officiellement. « Il est étrange de voir comment un de nos frères lointains agit en faisant des allusions et des sous-entendus concernant ses relations avec les Emirats, continuant les insinuations voilées sans clarifications ni explications », a lancé Anwar Gargash, Conseiller diplomatique du président émirati, Mohammed ben Zayed, via « X ».

 

 

Lors de son entrevue dimanche dernier avec des représentants de la presse algérienne, Tebboune avait accusé sans les citer nommément les Emirats de « pécher par orgueil » et de « semer la fitna » dans la région. « Partout où il y a des conflits, l’argent de cet Etat est présent, au Mali, en Libye, au Soudan », a-t-il allégué, en usant d’une rhétorique menaçante. « Si tu cherches à avoir avec nous les comportements que tu as avec les autres (CF: le Maroc), tu te trompes. Nous avons 5,63 millions de chahid (martyrs) morts pour ce pays », a-t-il en effet lancé. 

Face à ces accusations délirantes et ces menaces à peine voilées, Anwar Gargash, figure historique de la diplomatie d’Abou Dhabi formé dans les services de renseignement, Abou Dhabi a adopté un ton serein, sage et responsable. « Choisir de ne pas répondre et de patienter face à ces provocations restera notre voie, car la sagesse est un héritage de notre leadership qui considère les relations avec les pays frères comme une priorité et un pilier central de notre politique ».

Si l’ancien ministre d’Etat aux Affaires étrangères (2008-2021) a été mesuré dans sa réponse, d’autres, notamment des politologues et des académiciens, n’ont pas fait dans la dentelle. « Les propos du président d’un pays arabe sur un autre pays arabe sont décevants et malencontreux. Monsieur le président, vous avez des crises internes complexes; abordez-les avec sagesse et une bonne gestion, et ne les attribuez, même par insinuation ou de manière imprudente, à une partie externe dans une tentative machiavélique et évidente de fuir vers l’extérieur pour couvrir les erreurs internes. Nous prions pour qu’(Abdelmajid Tebboune) soit mieux guidé au cours des dix derniers jours du Ramadan », a asséné le politologue Abdulkhaleq Abdulla, enseignant de sciences Po à Abou Dhabi.

 

 

Sur la même lancée, l’écrivain kuweïtien Nawaf Misfar Ibnou Hilal décoche cette pique directe: « C’est une grande faute de la part du président algérien de parler ainsi d’un pays frère du Golfe. Il n’a pas résolu les problèmes de son pays, riche en pétrole. Où vont les énormes richesses de gaz et de pétrole ? Le peuple meurt en mer pour atteindre la France, et leur argent va au polisario. Est-ce que l’Algérie est envieuse d’un pays (Les Emirats) qui a su investir ses richesses alors qu’elle est rongée par la corruption ? ».

 

Réagissant encore à cette autre « tebbounnerie »: « l’Algérie ne plie pas », Nawaf Misfar a posté une photo de Tebboune pliant devant le drapeau français.

 

On peut allonger la liste des réactions caustiques de nos frères émiratis et généralement khalijis aux dernières divagations du président algérien, mais abrégeons. Il est clair que par le recours à la théorie fumeuse de l’ennemi extérieur, le raïs du « Titanic Algérie » tente misérablement de détourner l’attention de sa propre opinion publique de ses problèmes internes.

Cause toujours, tu nous intéresses.