Le Royaume-Uni envisage de co-signer avec le Maroc « un accord commercial et sécuritaire majeur », a révélé le Daily Express, quotidien réputé proche du parti conservateur au pouvoir.
Selon la même publication, « The Conservative party » se réjouit déjà à l’idée de sceller cet accord l’année prochaine avec le Maroc, deuxième investisseur en Afrique et « porte d’entrée vers l’Afrique » incontournable pour le Royaume-Uni post-Brexit. Toujours d’après le Daily Express, l’ancien Premier ministre, Boris Johnson, aurait « déclaré à ses amis que le doublement des échanges commerciaux avec le Maroc depuis le retrait du Royaume-Uni de l’Union européenne (Brexit: Ndlr), avant même la signature d’un nouvel accord commercial avancé, était un exemple des avantages » que son pays a engrangés.
La même tonalité a été relevée par le Daily Express chez l’ambassadeur de Sa Majesté le Roi à Londres, Hakim Hajoui. « Le Royaume du Maroc se considère comme un partenaire commercial africain idéal pour le Royaume-Uni car il est l’un des pays les plus stables de la région et, en tant que monarchie sous le règne de Sa Majesté le Roi Mohammed VI, il a des parallèles avec le Royaume-Uni », a certifié M. Hajoui au tabloïd britannique.
Bien plus que des tomates et des framboises…
« Les personnes qui se plaignent du prix des produits tels que les tomates en provenance de l’UE après le Brexit peuvent les obtenir de meilleure qualité et moins chères au Maroc », a plaisanté Hakim Hajoui, qui s’adressait exclusivement au Daily Express.
En effet, « le Maroc fournit déjà 45% des tomates au marché britannique, et elles sont moins chères et plus durables, n’utilisant pas de systèmes de chauffage artificiel comme ceux produits aux Pays-Bas ».
Et ce n’est pas tout! Il existe de nombreuses opportunités plus importantes à saisir avec le Maroc. « Prenons l’énergie par exemple. Le Maroc a investi massivement dans les énergies vertes et a le potentiel de contribuer à la sécurité énergétique de ses partenaires stratégiques. Il y a aussi les 700 000 voitures fabriquées chaque année au Maroc dans une industrie en pleine croissance. En termes de coopération, les perspectives [d’un accord avec le Royaume-Uni] sont extrêmement prometteuses, englobant à la fois les secteurs des affaires et de la sécurité », a exhorté l’ambassadeur marocain.
« En tant qu’acteur régional majeur en Afrique du Nord et au Moyen-Orient, alors que la guerre entre Israël et Gaza provoque davantage d’incertitudes, le Maroc offre un soutien sécuritaire en matière d’approvisionnement alimentaire et énergétique ainsi qu’en matière de défense et de renseignement », a-t-il encore fait valoir.
Sahara marocain: le Royaume-Uni va-t-il franchir le pas?
Seulement voilà, « un accord dépendra probablement du ralliement du Royaume-Uni aux États-Unis, l’Allemagne, les Pays-Bas et l’Espagne pour aider le Maroc à résoudre un problème intérieur majeur concernant le contrôle du Sahara occidental contesté », relève le Daiily Express. « La revendication du Maroc a été confirmée devant les tribunaux internationaux et un règlement a été proposé pour une autonomie limitée, mais le Royaume-Uni n’a pas encore apporté son soutien à l’allié nord-africain », écrit-il.
« Au cours des dernières années, nous avons bénéficié d’un soutien considérable de la part des États-Unis et de pays européens, notamment de l’Espagne, de l’Allemagne, mais aussi des Pays-Bas, de la Belgique et d’autres. Cela s’ajoute aux dizaines de pays arabes et africains qui ont ouvert des consulats au Sahara, signe d’une claire reconnaissance de la souveraineté du Maroc sur son Sahara. Alors qu’en est-il du Royaume-Uni ? », s »est interrogé l’ambassadeur Hajoui.
Les signaux envoyés par Londres depuis la signature en 2019 de l’accord d’association avec le Maroc sont certes encourageants. On en veut pour exemple l’adoption, en 2021, par la chaîne d’information internationale du pôle audiovisuel public britannique, BBC, de la carte intégrale du Royaume du Maroc. Mais ce n’est pas suffisant… Le Royaume-Uni, membre permanent du Conseil de sécurité de l’ONU, ne doit plus traîner les pieds sur cette question existentielle pour le Maroc.
Franchira-t-elle alors le pas en 2024?
Vivement alors!