Il n’y a pas que l’usure du pouvoir. Ce sont une dizaine d’années de mal-gestion. D’approximations. De papotages. De dérapages. De nullité à tous les étages.
Résultat des courses, le parti de la Lampe éteinte ne doit en vouloir qu’à lui-même.
Ce jeudi 9 septembre, dans un café à Casablanca, j’ai entendu cette synthèse: « Deux taxis suffisent pour rejoindre la Zaouïa ! ».
En effet, avec 13 députés envoyés sous la coupole, les islamistes ont essuyé une débâcle brutale jamais vue dans les annales politiques du Royaume. Deux fois de suite à la tête du scrutin législatif, le parti de la Lampe dégringole à la huitième position. 13 sièges en 2021 contre 123 en 2016.
Le PJD aurait voulu faire avaler une nouvelle couleuvre aux générations montantes qui ont leurs propres préoccupations et attentes.
Vraisemblablement, ils se sont déplacés aux bureaux de vote ce mercredi 8 septembre. Certes, on ne pourrait trancher si les plus de 2 millions de nouveaux inscrits ont fait la différence. Mais, une chose est sûre, leurs parents pensent à eux en pensant aux promesses non tenues. Les uns avec les autres, ils croient qu’un autre Maroc inclusif est possible. Ils ont vu défiler candidates et candidats. Ils ont certainement suivi les adroits et les maladroits. Ils auraient distingué entre des propositions et des maladresses de communication.
L’arrogance des Pjdistes leur aura joué un mauvais tour. Conséquence, le détour des regards.
Ceux qui voulaient « capitaliser » sur l’abstentionisme ne s’attendaient, probablement, pas au sursaut votatif des Marocaines et des Marocains. Le taux de participation, malgré les contraintes objectives, pandémie oblige, en livre la démonstration. Plus de 50% des électrices et des électeurs ont été dans les isoloirs. Elles et ils ont décidé, en leur âme et conscience, d’isoler les fausses promesses et les propos mensongers. Parce qu’elles et ils croient qu’un autre Maroc est possible. Leurs votes le prouvent et engagent les forces montantes. Ces dernières n’auront qu’un seul choix: honorer leurs engagements. Le président du RNI, formation grande gagnante du scrutin législatif, est rassurant en disant tenir ses engagements.
En attendant, c’est la guerre intestine au sein du parti « aux deux grands taxis ». La maladroite sortie, mercredi en soirée, de Saâd Eddine El Othmani -n’ayant été qu’une cerise moisie sur un gâteau frelaté- n’en fait qu’exacerber l’aigreur et l’amertume. La sortie de l’autoproclamé « gardien du temple lampiste, Abdelilah Benkirane, ne fait qu’annoncer une éventuelle implosion de ce qui reste des murs vacillants de la maison lampiste. Benkirane demande, ni moins ni plus, la tête d’El Othmani.
Les clivages intrinsèques se réveillent. Un indicateur qui ne trompe pas. Une page est tournée. Une autre commence à être écrite. La suite des évènements nous en dira davantage.
Ce jeudi, le Secrétariat général du PJD, El Othmani en tête, jette l’éponge. Une première inflexion dans une longue séquence. Une expérience des limites, pour reprendre la terminologie psychologique !