Alors que la veuve marocaine Zakia Seddiki et les trois petites orphelines de l’ambassadeur d’Italie à Kinshasa Luca Attanasio, tué lundi dernier près de la ville de Goma, en RDC, n’ont pas encore fait leur deuil; que l’Italie, voire le monde entier, est encore sous le choc, un imam de la mosquée de Maria à Milan, nommé Baraa Al Obeidi, s’est manifesté pour attribuer au défunt regretté le statut de « Martyr », en déclarant qu’il était mort « musulman ».
Interrogé par un site proche des « Frères musulmans », « La Luce » (La Lumière), l’imam de la Mosquée Maria à Milan a « statué » que Luca Attanasio « doit être considéré à toutes fins utiles comme un martyr selon la définition islamique ».
Une « fatwa » qui a apporté de l’eau au moulin du site de propagande islamiste, « déjà connu pour ses positions pro-Morsy et pro-Erdoğan », relèvent des confrères italiens, dénonçant une tentative de récupération par le site « la Luce » de la mémoire du défunt.
« L’ambassadeur d’Italie en République démocratique du Congo, Luca Attanasio, tué dans une attaque contre un convoi des Nations Unies à Kanyamahoro, à une vingtaine de kilomètres de la ville de Goma, avait témoigné de sa foi musulmane lors de son séjour au Maroc en tant que Consul général de l’Italie à Casablanca », rapporte « La Luce », précisant que « la nouvelle a été confirmée à La Luce par des sources fiables proches de la famille marocaine du défunt ».
« Le diplomate italien avait également adopté le nom d’Amir », ajoute la même source.
Une « revendication » qui n’est pas tombée dans l’oreille d’un sourd. Don Angelo Gornati, curé de Lambiate, ville natale de feu l’ambassadeur Attanasio, s’est à son tour manifesté pour démentir que le défunt « s’était converti à l’Islam, en épousant la Marocaine Zakia Seddiki, de confession musulmane ».
« Luca Attanasio était un catholique pratiquant », a-t-il précisé, cité par le quotidien « Il Messaggero ». « Propagande islamiste: l’ambassadeur Attanasio était musulman, mais le curé le nie », affirme pour sa part le quotidien « ilgiornale.it ».
Musulman, Catholique, est-il vraiment nécessaire de ressortir la question sans porter préjudice à la mémoire du défunt et aux sentiments de sa petite famille éplorée et affligée par la manière atroce avec laquelle il a été tué? De quoi se mêle-t-on après tout, dès lors que la foi, musulmane ou chrétienne, est une affaire entre soi et Dieu? N’est-ce pas là une tentative indécente d’instrumentalisation d’une tragédie à des fins de propagande islamiste ?
Ressortir en ce moment un concept lourd tel que celui de « Martyr » peut donner lieu à des interprétations erronées, d’autant plus que ce terme a souvent été exploité par la mouvance jihadiste pour l’attribuer aux soi-disant « combattants d’Allah ».
Une polémique de trop, qui ne sert nullement la communauté musulmane en Italie encore moins la famille du défunt, particulièrement sa veuve Zakia Seddiki qui a dévoué sa vie au service de la cause humanitaire en dehors de toute distinction de religion ou de culture.