
Par: Mohamed KHOUKHCHANI

Carnet de Route.
Date : Mercredi 24 décembre 2025 (4 Rajab 1447)
Itinéraire : De l’Hôtel Baco à la Cathédrale (Boucle historique et spirituelle).
L’Éveil d’Ishbiliya et la rencontre des mondes
Le départ se fait à l’Hôtel Baco, point d’ancrage dans le labyrinthe blanc hérité de l’époque médiévale. À chaque pas vers la Giralda, le sol semble murmurer l’ancien nom de la ville : Ishbiliya. Soudain, elle surgit. La Giralda, géante de briques aux motifs de sebka, ne porte plus le cri du muezzin mais le chant d’airain des cloches. Sous les nuages de ce mercredi de décembre, j’imagine la silhouette du minaret s’élançant vers le ciel pour annoncer le Rajab. Le soleil dore les pierres, rappelant la lumière d’Orient qui baignait autrefois ces esplanades.
Le fleuve de vie et les témoins de pierre
Nous longeons l’Avenue de la Constitution, où le temps se télescope entre les décorations de Noël et les vestiges militaires comme la Torre d’Abd el Aziz, sentinelle hexagonale de l’ancienne muraille. Non loin de là, la Torre del Oro (1220) veille toujours sur le fleuve, tandis que la Torre de la Plata se cache dans les ruelles. À la Plaza San Francisco, nous entrons dans la Calle Sierpes. Ce 24 décembre est le seuil d’un mois sacré, le Rajab, dont le silence spirituel s’invite entre les rires des terrasses.
Le Retour vers l’Orient Intérieur
Nous nous laissons absorber par le flanc est de la cité :
● Place du Salvador : L’église baroque s’élève sur les fondations de la grande mosquée d’Ibn Abbas, dont on devine encore le tracé.
● L’Alfalfa : Ancien forum du califat. En marchant vers la Calle Alcaicería, j’imagine les étals d’épices.
● Ponce de León : Le soleil décline sur la Calle Juan de Mesa, protégeant nos secrets jusqu’à l’Hôtel Baco.
Messe de minuit et lecture sacrée
Au cœur de la cathédrale, nous franchissons la Puerta del Perdón, dont les vantaux de bronze almohades portent encore des inscriptions arabes. Sous les voûtes, alors que la messe de minuit commence, mon épouse et moi avons entrepris une lecture recueillie de la Sourate At-Tawbah sur l’écran de mon téléphone. Nos yeux se sont arrêtés sur le verset 4 : « Exception sera faite de ceux qui […] vous sont liés par un pacte auquel ils n’ont en rien failli… Respectez donc leur pacte jusqu’à son terme… ».
Lire ces lignes de paix au milieu de la liturgie chrétienne, entourés par l’histoire du Patio del Yeso et des anciens hammams de la Calle Mesón del Moro, a donné à notre présence une dimension universelle.
Note Finale : Le cercle est fermé : du minaret à la cathédrale, nous avons vu le soleil de l’Islam éclairer les visages de la chrétienté.
Sites historiques almohades encore visibles à Séville :
● Les Sentinelles de la Cité (Architecture Militaire).
○ La Torre del Oro (Tour de l’Or) : Construite en 1220, elle marquait la fin des remparts côté fleuve. Son éclat doré sous le soleil (dû à un mélange de mortier et de paille pressée) servait de phare aux navigateurs remontant le Guadalquivir.
○ La Torre de la Plata (Tour de l’Argent) : Située non loin de là, cette tour octogonale était reliée à la Tour de l’Or par une muraille aujourd’hui disparue.
○ La Muraille de la Macarena : C’est le plus long tronçon de remparts almohades encore debout. En le longeant, on ressent la puissance défensive d’Ishbiliya.
○ La Torre d’Abd el Aziz : À l’angle de l’Avenue de la Constitution, cette petite tour hexagonale est un vestige discret mais précieux de l’enceinte fortifiée.
● Les Empreintes Sacrées (Sous les Églises).
L’Église du Salvador : elle repose sur la première grande mosquée de la ville (Ibn Abbas). On peut encore y admirer la base du minaret original et le Patio des Orangers, témoin des ablutions d’autrefois.
● La Puerta del Perdón (Porte du Pardon) : C’est l’entrée principale du Patio de los Naranjos de la Cathédrale. Ses vantaux de bronze ornés d’inscriptions arabes sont l’un des plus beaux exemples de métallurgie almohade.
● Les Palais et Jardins (L’Intimité Almohade) :
○ Le Patio del Yeso (Cour des Stucs) : Situé dans l’Alcazar, c’est l’un des rares vestiges directs du palais almohade. Ses arcs délicats et son bassin central incarnent cette quête de fraîcheur et d’harmonie que vous avez ressentie.
○ Les Jardins de la Buhaira : À l’extérieur du centre historique, ces jardins abritent les restes d’un palais d’été almohade avec un immense bassin d’irrigation, rappelant les jardins de la Ménara à Marrakech.
○ Les Murmures du Quotidien
Les Bains de la Calle Mesón del Moro : Non loin de la Giralda, certains établissements (comme le restaurant San Marcos) ont conservé les voûtes percées d’étoiles de l’ancien hammam almohade.










