L’Académicien Marc Fumaroli, historien spécialiste du XVIIe siècle est décédé mercredi à l’âge de 88 ans, a annoncé l’Académie française.
« Le Secrétaire perpétuel et les membres de l’Académie française ont la tristesse de faire part de la disparition de leur confrère M. Marc Fumaroli, décédé le 24 juin à Paris. Il était âgé de quatre-vingt-huit ans. Il avait été élu le 2 mars 1995 au fauteuil d’Eugène Ionesco », a indiqué l’institution dans un communiqué.
Né à Marseille le 10 juin 1932, Marc Fumaroli a passé son enfance et son adolescence à Fès, au Maroc. Son père était consul de France, sa mère sa première institutrice. Il étudia ensuite à Aix-en-Provence et à la Sorbonne où il réussit, en 1958, son agrégation de lettres classiques.
Professeur à Lille, puis à la Sorbonne, il est élu professeur au Collège de France, à la chaire « Rhétorique et société en Europe (XVIe – XVIIe siècles) ». Il est élu à l’Académie française le 2 mars 1995 au fauteuil d’Eugène Ionesco.
Spécialiste de Montaigne, Corneille, La Fontaine, grand lecteur de Balzac, Marc Fumaroli prônait un retour à la sagesse antique, à la foi, aux classiques, aux disciplines rhétoriques, à l’intelligence du passé, au détachement de l’école par rapport à l’actualité.
Membre de nombreuses sociétés savantes françaises et étrangères, préfacier de nombreux livres, il était l’auteur d’une vingtaine d’ouvrages dont « L’âge de l’éloquence », « Le poète et le roi, Jean de la Fontaine », « Quand l’Europe parlait français », « Chateaubriand, poésie et terreur », « La République des lettres » ou « Paris New-York et retour », plusieurs fois réédité, dans lequel il s’en prenait aux dérives de l’art contemporain.
Marc Fumaroli était « une véritable référence de notre temps et de notre histoire qui savait mieux que quiconque éveiller nos curiosités et aiguiser nos esprits », indique Jack Lang, Président de l’Institut du Monde Arabe (IMA), qui regrette la disparition d’un « immense et virtuose homme de lettres ».
« Son éloquence et son érudition étaient étourdissantes. Il était un prince des lettres et des arts. Il aimait à répéter que l’art servait à adoucir les mœurs et élever les âmes », souligne Jack Lang, par ailleurs ancien ministre de la Culture.
« Sa grande culture classique faisait de lui un de nos plus fins esthètes, mais plus encore, un élégant et talentueux tribun. Il aimait la beauté. Il était un dandy, un orfèvre rigoureux des mots, de la syntaxe et de l’exégèse. Sa bibliothèque était éblouissante. Minutieux et délicat observateur de la société, il avait l’œil acerbe mais toujours perspicace. Marc Fumaroli avait une vision distanciée de ses contemporains. Il était une vigie intraitable d’une époque, à la verve vindicative, qui force le respect », poursuit Jack Lang dans une réaction transmise à la MAP.