C’est officiel, les Britanniques ont un nouveau Premier ministre. Le chef des travaillistes Keir Starmer a en effet été nommé chef du gouvernement par le roi Charles III ce vendredi après la victoire écrasante de son parti de centre-gauche aux législatives, selon une photo de leur rencontre diffusée par le palais de Buckingham, comme le veut la coutume.
Live from Downing Street: Watch my first speech as Prime Minister https://t.co/t2fQjytLBH
— Keir Starmer (@Keir_Starmer) July 5, 2024
Accompagné de son épouse Victoria, l’ancien avocat spécialiste des droits humains de 61 ans, entré en politique il y a seulement neuf ans, a été reçu à la mi-journée pendant environ une demi-heure au palais de Buckingham.
Le Labour de retour après quatorze ans d’absence
Troisième Premier ministre du souverain en moins de deux ans de règne, après les conservateurs Liz Truss et Rishi Sunak, il doit entrer dans la foulée au 10, Downing Street. Ce dernier avait présenté sa démission à Charles III en fin de matinée.
C’est la première fois depuis 2010 que le Labour (centre-gauche) va diriger le pays, après 14 ans de gouvernements conservateurs et une succession de crises : austérité, Brexit, envolée des prix ou encore valse des Premiers ministres.
Qui est Keir Starmer, le nouveau chef de l’Exécutif britannique?
Né en 1962 à Londres, M. Starmer était avocat spécialisé dans les droits de l’homme avant de devenir directeur des poursuites pénales (procureur) de 2008 à 2013.
Au cours de la campagne électorale, il a tenu à mettre en avant ses origines ouvrières, mentionnant à plusieurs reprises lors des débats télévisés que son père était outilleur et sa mère infirmière.
En effet, son association avec la politique de gauche ne date pas d’hier, puisqu’il partage son prénom rare avec Keir Hardie, qui a fondé le parti travailliste à la fin du dix-neuvième siècle.
Il est devenu député en 2015 dans la circonscription de Camden, au nord de Londres, où, en 2019, il a obtenu près de 65 % des voix, un bon résultat pour une élection qui a par ailleurs été marquée par de lourdes pertes pour le parti travailliste.
Le successeur de Corbyn
Il est devenu chef du parti en 2020, lorsque Jeremy Corbyn, son prédécesseur a dû affronter de multiples défaites électorales après lesquelles il s’est finalement retiré.
Keir Starmer avait remporté plus de 56 % des voix contre deux autres candidats, dont l’une, Lisa Nandy, est aujourd’hui sa secrétaire d’État fictive au développement international.
M. Starmer a également eu une longue interaction avec les questions européennes, puisqu’il a été le porte-parole de M. Corbyn pour le Brexit de 2016 à 2020, une période où la ferveur politique concernant les résultats du référendum fatidique au Royaume-Uni était à son apogée.
Il a défendu l’idée de rester dans l’UE, puis a poussé à plusieurs reprises le gouvernement à proposer une stratégie de sortie plus élaborée, voire à organiser un nouveau référendum sur la question.
Mais il pourrait avoir changé d’avis. Le programme électoral actuel de M. Starmer ne prévoit aucun retour au marché unique ou à l’union douanière de l’UE, même s’il a déclaré qu’il aimerait améliorer l’accord de Brexit « bâclé » de Boris Johnson.
Un changement pragmatique
Ce n’est pas le seul domaine dans lequel M. Starmer a opéré un changement notable vers le pragmatisme à mesure que la perspective du pouvoir se rapprochait.
Avec cette puissante majorité que le parti travailliste vient d’obtenir, la plus importante jamais obtenue – comparée aux deux défaites successives de Jeremy Corbyn, Keir Starmer peut estimer que ce coup valait la peine d’être porté.
Source: AFP-Euronews