La création de deux zones d’accélération industrielle de défense a été l’annonce phare du Conseil des ministres tenu, hier samedi 1er juin à Casablanca, par le Roi Mohammed VI, Chef suprême et Chef d’Etat-major général des Forces Armées Royales.
Pour rappel, ce projet intervient trois ans après l’entrée en vigueur, fin juin 2021, de la Loi n° 10-20 relative aux matériels et équipements de défense et de sécurité, aux armes et aux munitions, avec la publication au Bulletin officiel du décret d’application n°2.21.405.
La création de ces deux zones se veut un pas majeur dans le processus patient et laborieux de mise en place, in situ, d’une industrie de défense nationale, après l’élaboration et l’adoption d’un dispositif juridique en ligne avec la stratégie nationale de défense intégrée et les réglementations internationales.
Alors que le Maroc se prépare à rejoindre le club fermé des fabricants d’armes, certains pourraient s’interroger sur les raisons qui auraient poussé le Royaume, leader incontesté du « soft power », à parier désormais sur le « hard power ». La réponse est toute simple: « la puissance douce » (persuasion) et « la puissance dure » (dissuasion) ne s’excluent pas, l’une étant au service de l’autre.
Mais passons, car les enjeux sont plus importants. Un, le projet répond à une nécessité hautement stratégique. En se dotant de sa propre industrie de défense, le Royaume vise à rendre son armée autosuffisante en matériel de défense et de sécurité et donc demeurer autonome, souverain et maître de son destin. Deux, ce projet est à fortes retombées économiques. En effet, le Maroc veut s’assurer une place confortable dans un secteur à forte valeur ajoutée économique et financière. Compte tenu de l’accroissement des tensions inter ou intraétatiques, appelées à s’exacerber en Afrique, au Moyen-Orient, en mer de Chine, etc, il faut s’attendre à ce que les dépenses militaires explosent dans les prochaines années. Last not least, le Maroc offre un écosystème industriel attrayant pour les leaders mondiaux de l’industrie de défense. Ce n’est donc pas un hasard si nombre d’entre eux ont exprimé leur volonté d’externaliser une partie de leur industrie de défense vers le Maroc.