Moncef Marzouki, ancien président tunisien (13 décembre 2011 au 31 décembre 2014), a réagi à l’accueil controversé du chef de la milice séparatiste, Brahim Ghali, par le président Kaïs Saïed, vendredi 26 août, à Tunis. Dans un message posté sur les réseaux sociaux, M. Marzouki a qualifié d' »irresponsable » l’attitude du président Kaïes, l’accusant de parti pris flagrant en faveur de l’Algérie au détriment du Maroc.
« Depuis l’éclatement du conflit autour du Sahara occidental, la position tunisienne, quel que soit le président, est restée immuable: chercher à réconcilier les frères en dispute et non pas se ranger aux côtés d’une partie contre l’autre », a rappelé M. Marzouki.
« En réservant au chef du polisario un accueil digne d’un chef d’État reconnu internationalement, le putschiste (Ndlr: Kaïs Saïed) a brisé cette tradition de longue date. Cet accueil dénote une reconnaissance claire et nette de l’entité sahraouie, contrairement aux allégations étonnantes, surréalistes, colportées par le ministère tunisien des Affaires étrangères prétendant que la position de la Tunisie n’a pas changé », précise l’ancien locataire du palais de Carthage.
Tunis arguera que Brahim Ghali a été invité par l’Union africaine, pour prendre part à la Ticad, forum de coopération entre le Japon et l’Afrique, « mais avec cet accueil officiel » réservé au chef d’une entité fantoche, il est clair que « le putschiste » a basculé du côté d’Alger », relève-t-il.
« Au moment où nous aspirons à mettre fin à la dispute des frères, le voilà jeter de l’huile sur le feu », fustige-t-il.
« Nous sommes devant un acte condamnable à tous points de vue, il est d’autant plus irresponsable qu’il nuit aux intérêts de la Tunisie même, à plus forte raison l’Union maghrébine qui se trouve dans un état comateux », épingle-t-il.
« La voie de la confrontation avec le Maroc a eu pour conséquence la mise à l’arrêt de l’Union maghrébine et la perte de grandes opportunités pour l’économie maghrébine », déplore M. Marzouki, regrettant la course à l’armement à laquelle se livrent inlassablement les deux « frères ennemis ».
« La seule solution pour les sahraouis n’est pas de courir après un État qui ne verra jamais le jour. La seule solution est qui est dans leur intérêt et l’intérêt des Maghrébins est le plan d’autonomie sous souveraineté marocaine », a plaidé l’ancien président tunisien.