Ni fleurs, ni couronnes, le théâtre va mal !

Le ministère de la Culture met les petits plats dans les grands pour fêter la journée mondiale du théâtre, célébrée le 27 mars de chaque année. Il a annoncé un programme national de festivités étalées sur un mois et dont le coup d’envoi sera donné, ce dimanche, au centre culturel de Tamesna, avec la lecture du message de la journée mondiale du théâtre, un hommage à certains artistes pour leur contribution à l’enrichissement de la scène théâtrale, etc. 

Ce programme « festif » ne saurait toutefois cacher le triste « spectacle » qu’offre la scène théâtrale nationale, aujourd’hui plus que jamais essoufflée, après la belle période des années 2000.

Ancien membre de la Commission nationale d’aide à la production et à la promotion théâtrales, je ne peux que regretter la perte de cet esprit d’émulation qui stimulait les troupes théâtrales, notamment parmi les lauréats de l’Institut d’arts dramatiques et d’animation culturelle (ISADAC)… l’échec du projet de création de troupes régionales et, last not least, la disparition de l’espace Lahboul, à Meknès, ville hôte du (défunt!) Festival  national du théâtre professionnel, qui était un rendez-vous annuel incontournable où les meilleurs troupes rivalisaient de talent et de créativité. 

Il ne faut pas s’étonner si, depuis quelques années, le public déserte les salles de théâtre, la qualité de l’offre théâtrale laisse tant à désirer.

Il serait faux d’attribuer ce recul au seul manque de moyens. On parle souvent d’obligation de moyens mais trop peu d’obligation de résultat.

Finalement, on n’a que le théâtre qu’on mérite: un théâtre qui ne parle pas aux Marocains, qui n’est pas en phase avec leur réalité, incapable d’aller au fond des choses, de niveler les esprits vers le haut, ou même d’apporter cette « forja » tant prisée des Marocains. 

Au-delà du cérémonial des festivités et des discours de circonstance, il faut se pencher sérieusement sur les causes du malaise et mettre en place une réelle stratégie pour réhabiliter l’activité théâtrale. C’est à cette condition que le public retrouvera le chemin des salles.