Ssi Abdellah, c’est comme ça que l’appellent ses clients, fait partie d’une génération qui continue de se battre contre l’inexorable montre de la disparition d’un métier, parmi tant d’autres, qui remonte loin dans des temps immémoriaux. J’ai nommé la préparation et la vente du Sfenj ! Ce « beignet » marocain, voire maghrébin, qui a accompagné, accompagne, nos matinées et la fin de nos après-midis.
Ssi Abdellah, 65 ans, en parle avec une amertume discrète saupoudrée d’une trop parlante nostalgie.
Pas trop bavard, il remonte la pendule vers les années 1970 lorsqu’il débarque à Casablanca venant des environs d’El Jadida. Il fallait se débrouiller pour survivre. Après avoir galéré, il se retrouve « apprenti-moul sfenj » chez un maallem.
Quelques années lui ont suffi pour apprendre le métier. Il se met alors à son propre compte. Et cela fait plus d’une trentaine d’années, maintenant qu’il a planté ses quartiers du côté de Derb Benjdia. Dès 6 heures du matin, Ssi Abdellah se met au travail pour servir les lève-tôt de son quartier, la matinée s’achevant vers 10h30. Quant à l’après-midi, l’activité s’étend de 16h30 à 18 heures au grand max, dit-il.
Sourire forcé, il reconnaît néanmoins que les temps sont de plus en plus durs. Non seulement en raison des changements des habitudes de consommation, avec une clientèle qui « se réduit » au fil des ans, mais aussi du fait de la cherté des « matières premières », notamment l’huile ainsi que d’autres factures à régler dont les 2.500 dirhams du loyer, indique Ssi Abdellah.
N’empêche, « Moul Sfenj » garde le cap et le moral: « l7amdou Lillah, comme tout le monde, on s’en sort comme on peut ! »