Tranches de vie. Said, le taxiste qui aimait Molière…

C’est un portrait fugace. Said est taxiste. Deux enfants et son épouse pour famille. Comme dans plusieurs cas, la maman est très présente quand il se lâche.

En voyant le taxi rouge de couleur à Casablanca, je fais le geste de demander s’il pourrait faire le demi-tour. J’allais le renvoyer vers d’où il venait.

Said dit oui par le geste.

À peine qu’il demande la destination et se tait.

Contrairement à d’autres, Said n’est pas bavard. Plus, il fait taire sa radio pour ne pas déranger.

Il fallait le provoquer pour qu’il parle. 35 ans, licence littérature française en poche, Said devait trouver un travail. En vain.

Comme d’autres jeunes, Said a essayé l’émigration. Jonglant entre la darija et la langue de Molière, il me dit sa vie.

En peu de mots. « J’ai rêvé et j’ai les pieds sur terre. Enfin, sur quatre roues !’, résume Said. Sa famille est son Tout existentiel, ajoute-t-il. Sans emphase.

Maintenant, en voyant les chantiers tramway, du côté de la gare Casa-Port et ailleurs, il s’interroge sur les cinq années à venir. Après, dit-il, on verra dans les coins qui ne seront pas desservis par le Tram-Ennui.

Quelques milliers de taxistes dans l’équation mobilité urbaine !

C’était dix minutes !