Si on veut faire un voyage utile et instructif à Chefchaouen, on peut, avec une recherche Google, portant sur le « Musée ethnographique de Chefchaouen », obtenir jusqu’à 4800 résultats. Ce n’est pas rien !
Entre autres liens, celui du ministère de la culture marocain… celui de Wikipédia… ceux de plusieurs sites web dédiés au tourisme international… Alors on n’hésite pas ! Décision est prise de visiter ce musée haut lieu du patrimoine marocain !
En plus de mille et un atouts qui font sa beauté et son attractivité nationale et internationale, Chefchaouen est aussi connue pour sa Kasbah, forteresse construite par le fondateur de la ville Moulay Ali Ben Rachid en 1471.
Au centre de la ville, donnant sur la superbe place « Outa El Hammam » se dresse cette Kasbah dont des locaux ont été dédiés au « Musée Ethnographique de Chefchaouen » de 1985 à 2014.
Une confusion persistante
Mais sur place on est surpris. Ce musée n’existe plus et il n’en reste que quelques traces… On ne le savait pas. Mais la confusion persiste.
Tout visiteur marocain ou étranger pense et croit toujours visiter le « Musée Ethnographique de Chefchaouen ». Ce qui n’est pas le cas !
Le Musée défunt donnait à voir de belles collections d’instruments de musique andalouse et populaire… des collections d’armes traditionnelles… des instruments traditionnels de tissage en bois et en roseau… de la vaisselle en poterie rifaine et des plats en bronze… les traditions vestimentaires de Chefchaouen et des régions limitrophes… du mobilier en bois destiné à la conservation des biens de la mariée…
Malgré la déception… on prend son billet pour accéder à la magnifique Kasbah et au « methef ». Et là aussi, nouvelle surprise !
Le visiteur est interrogé sur sa nationalité. Les Marocains payent 10 dh au Ministère de la Culture et les étrangers paient 60 dhs. Une double tarification qui vexe quelque peu les visiteurs étrangers.
On ne sait pas si les musées ou des lieux du patrimoine… français, espagnols, italiens ou grecs… afficheraient des tarifs sur la base de la nationalité du visiteur !
La notice, distribuée à l’entrée, informe que la Kasbah et son « Methef » accueillent près de 100 000 visiteurs marocains et étrangers par an… mais pour y voir quoi ??
Tout est à minima. Les locaux dégarnis exposent aujourd’hui des affiches, des photos et des imprimés sur quelques thèmes, notamment la femme rifaine… les efforts entrepris pour la conservation du patrimoine… des reproductions simplistes d’atelier de menuiser et plâtrier…
Pour tenir à distance les visiteurs… de hideuses chaînes métalliques pendent devant des stands !!
Force est de constater que c’est un peu du « bricolage muséal ou non muséal !!! » On est loin de la découverte d’ »objets forts » liés aux traces historiques, au patrimoine, aux arts, à la culture, à la civilisation… et surtout pas des affiches, du texte et des photos…
Une histoire particulière et un déficit de coordination
L’ancien « Musée ethnographique de Chefchaouen » a une histoire particulière. Selon le site web de la commune de Chefchaouen, il a été inauguré en 1985 et a fonctionné jusqu’en 2014.
A partir de cette date et suite à l’adoption d’une nouvelle loi de gestion des musées au Maroc, ses collections qui relevaient du Ministère de la Culture sont passées à la Fondation Nationale des Musées.
Depuis, et démuni des collections, le département de la culture a consacré le bâtiment à un Centre d’études et de recherches Andalouses dont les publications se raréfient… et aussi à un Centre d’Interprétation du Patrimoine…!!!
La Kasbah de Chefchaouen est déjà elle-même un magnifique « objet patrimonial »… mais le semblant de « musée » qu’elle abrite, aujourd’hui, est nettement en dessous du poids historique de cet édifice !
Plusieurs Chaounis, qui veulent retrouver leur musée initial… dont l’emplacement est remarquable… estiment qu’il serait pertinent que la Fondation Nationale des Musées… dont c’est le métier de créer et gérer les musées selon des critères internationaux… apporte son savoir-faire.
Ils souhaitent que Chefchaouen… ville à très fort potentiel touristique mais qui manque d’une vision… soit dotée d’un musée prestigieux et de niveau international.