Correspondance de Washington. Les complots de l’Espagne contre Gibraltar nécessitent une réponse marocaine énergique sur Sebta et Melillia

PAR HASSAN MASIKY*

Au fur et à mesure que les demandes espagnoles pour le retour de Gibraltar sous leur contrôle territorial se font plus fortes, les appels marocains à la libération de Sebta et Melillia devraient se faire entendre. Il ne devrait y avoir aucune négociation sur l’avenir de Gibraltar sans des pourparlers ouverts et honnêtes sur le retour des deux enclaves au Maroc. Rabat devrait rester vigilante alors que Madrid tente de manipuler le Brexit pour gagner des territoires dans le Rocher.

Pour mémoire, la monarchie espagnole a officiellement et volontairement cédé Gibraltar à la Grande-Bretagne de façon permanente en vertu du traité d’Utrecht de 1713, tandis que l’Espagne et le Portugal occupaient violemment et avec force Sebta et Melillia en 1415 et 1497.

Le mépris éhonté de l’establishment politique espagnol pour les revendications historiques du Maroc sur le Sahara et les villes de Sebta et Melillia a atteint un nouveau sommet. Les rapports sur la tentative de l’Espagne de subvertir la volonté des Gibraltariens en faisant pression sur le Congrès américain pour qu’il adopte un plan donnant à Madrid la propriété partagée du Rocher est la preuve que les Espagnols ne se soucient pas de l’autodétermination.

En outre, les récits d’une querelle Espagne-Royaume-Uni sur la construction d’un nouveau développement sur le Rocher sont un autre exemple de la mauvaise foi et de la vanité de l’Espagne. Comme l’a dit Richard Buttigieg, chef du Groupe d’autodétermination de Gibraltar, «les Espagnols ne semblent pas vouloir accepter les souhaits démocratiques de Gibraltar, ni les lois internationales fondamentales des droits de l’homme, et le droit des Gibraltariens de définir leurs propres futur.»

Les politiciens espagnols qui se plaignent de la construction de Gibraltar sur leurs eaux territoriales sont les mêmes qui prétendent que l’île occupée de Laila (Isla Perejil), à moins d’un mile des côtes marocaines, est espagnole.

L’une des principales voix du retour du Rocher en Espagne n’est autre que Javier Ortega Smith, le leader islamophobe de droite du parti Vox. Il prétend que Gibraltar appartient à l’Espagne « de droit et par l’histoire » mais nie les mêmes droits au Maroc sur Ceuta et Melilla.

Si Smith considère Gibraltar comme la «dernière colonie de l’Union européenne», les Marocains estiment que Sebta et Melillia sont les dernières colonies de l’Union africaine. L’arrogance de l’élite politique espagnole ne semble pas avoir de fin en ce qui concerne le statut du territoire britannique et des deux villes occupées.

Les aspirations de l’Espagne et de l’Europe à promouvoir l’autodétermination et la liberté ne s’appliquent qu’aux pays non européens.

Les autorités marocaines devraient suivre les demandes de l’Espagne sur Gibraltar au sein de l’UE et les faire valoir pour Ceuta et Melilla. En outre, Rabat devrait utiliser les arguments de la ministre des Affaires étrangères Arancha González Laya pour priver les Gibraltariens de leur droit à l’autodétermination afin de dénoncer les positions trompeuses de son gouvernement sur le conflit du Sahara.

C’est le comble de l’hypocrisie de voir l’Espagne appeler le Congrès américain à soutenir un plan visant à dépouiller la Grande-Bretagne de la souveraineté exclusive sur Gibraltar, alors qu’elle fait pression sur l’administration Biden pour annuler la reconnaissance américaine de la souveraineté marocaine sur le « Sahara occidental ».

La tentative de Laya de renverser la position américaine sur le Sahara marocain a permis au Maroc de faire facilement un virage important dans sa politique étrangère envers l’Espagne et l’UE. Rabat réorientera ses collaborations économiques, de renseignement et politiques avec les pays non européens tout en renforçant sa coopération actuelle avec la France et le Royaume-Uni.

Alors que l’Espagne continue de comploter contre Gibraltar et de provoquer le Royaume-Uni, le Maroc doit développer une stratégie pour aider le Rocher à rester durable et accessible. En outre, les forces navales marocaines devraient coordonner avec la Marine royale britannique pour protéger les eaux territoriales marocaines et britanniques des incursions espagnoles.

*Journaliste-écrivain marocain établi à Washington.