L’activiste politique algérien Rachid Nekkaz, actuellement en détention à la wilaya d’El Bayadh (700 km au sud-ouest d’Alger), a annoncé avoir entamé vendredi une grève de la faim de 29 jours.
« J’entamerai ma grève de la faim de 29 jours, ce vendredi 19 février, pour un hirak professionnel quotidien et pacifique », a écrit le détenu depuis sa cellule dans une lettre diffusée par ses proches sur sa page Facebook.
Il a expliqué qu’après une période de 50 jours sans médicament, sans médecin et sans consultation à l’hôpital, suivi d’un transfert illégal de la prison de Koléa près d’Alger à la prison d’El Abayadh Sidi Cheikh située à 700 Km au sud-ouest d’Alger, sa maladie « s’est empirée ».
Dans ce sens, l’ex-candidat à la présidentielle de 2018 a accusé, à travers sa lettre, que « son dossier médical à la prison de Koléa a été falsifié ».
Le détenu se dit souffrant « d’une hypertrophie de la prostate qui s’est fortement développée ces derniers jours ».
« Trois médecins sont venus spécialement de l’hôpital l’Elbiadh, situé à 125 Km de la prison ainsi que autres trois spécialistes dont un chirurgien de Tizi Ouzou, un radiologue indépendant de Bejaia et un médecin chef d’Oran. Par ailleurs, ces six médecins ont confirmé que mon dossier médical, établi lors de mon incarcération à la prison de Koléa, a bien été falsifié avec des analyses de sang -non conforme- écrit au stylo et une analyse du PSA de la prostate indiquant un nom masqué avec un correcteur de couleur blanche qui ne m’appartient pas », fait savoir la lettre de Nekkaz.
« Face à ce scandale médical », Rachid Nekkaz a chargé ses avocats de saisir « le Comité des droits de l’homme de l’ONU à Genève pour assistance à personne en danger et abus de pouvoir ».
Le détenu note également que ses avocats vont se diriger vers la Cour suprême contre le directeur général des prisons, le procureur général près le tribunal d’El Bayadh et le ministre de la Justice.
D’après son avocat, Me Khelifi Ahmed, des militants du Mouvement pour la Jeunesse et le Changement (MJC), fondé par Rachid Nekkaz, observeront également une grève de la faim en solidarité avec Nekkaz, arrêté le 4 décembre 2019 pour « incitation à porter des armes contre des représentants de l’Etat », « incitation à attroupement non armé » et « publication Facebook pouvant porter atteinte à l’intérêt national ».
Placé en détention provisoire par le juge d’instruction du tribunal de Dar El Beïda, il a été incarcéré dans un premier temps à la prison d’El Harrach avant son transfert vers la maison pénitentiaire de Koléa.
A partir de cette prison, Nekkaz a adressé une lettre aux autorités proposant son aide financière pour l’amélioration des conditions lamentables de détention.
En janvier dernier, contre toute attente, les pouvoirs publics décident de le transférer vers l’institution punitive de Labiodh Sidi Cheikh dans la wilaya d’El Bayadh, sans avertir ses avocats ni sa famille, qui a dénoncé un « acharnement sans précédent ».