Rappelez-vous: dans une interview accordée le 29 janvier 2021 au magazine parisien « Jeune Afrique », la MAE espagnole, Arancha González Laya, avait invoqué « la légalité internationale » comme alibi pour justifier le refus espagnol de la décision américaine de reconnaître la souveraineté pleine et entière du Maroc sur ses Provinces sahariennes, sans parler du même rejet espagnol réitéré en toutes circonstances de toute discussion sur l’avenir de Sebta et Melilla, quand bien même cette question -autre serpent de mer qui continue d’envenimer les relations bilatérales- ne serait pas actuellement à l’ordre du jour des discussions politiques entre Rabat et Madrid.
Remarquons en passant que, l’Espagne est le seul pays européen à avoir réagi négativement à la décision US de reconnaître la marocanité du Sahara, la France ayant alors réaffirmé son soutien constant à la proposition marocaine d’autonomie.
Mais passons, car la MAE espagnole n’en est pas à une sortie médiatique près sur le dossier du Sahara marocain. Une campagne a été sciemment orchestrée par Mme Arancha qui ne s’embarrasse plus de scrupules en contestant via des tribunes médiatiques, voire sur la centrifugeuse des réseaux sociaux, et donc au mépris des usages diplomatiques connus et reconnus, la décision américaine de reconnaître les droits historiques et légitimes du Maroc sur ses Provinces sahariennes.
Aux grands maux, les grands remèdes
La sortie de Nasser Bourita hier mercredi 3 février via une tribune publiée simultanément dans les colonnes de « Jeune Afrique », « El Mundo » et « Ashark Al-Awsat » a tout l’air d’une réponse à cette campagne hystérique menée par médias interposés. Le chef de la diplomatie marocaine n’a certes pas nommé l’Espagne, mais les messages subliminaux et autrement forts qu’il a véhiculés n’ont en tout cas pas raté leur cible. « La décision des États-Unis de reconnaître la souveraineté pleine et entière du Maroc sur la totalité de son Sahara et d’affirmer un soutien sans ambiguïté à l’initiative marocaine d’autonomie n’a laissé personne indifférent. Elle en a surpris certains et en a conforté de nombreux autres dans leur opinion. Partout, elle a fait couler beaucoup d’encre. Elle en a aussi conduit quelques-uns à se faire un sang d’encre », a asséné le MAE marocain, dans cette tribune trilingue publiée sous le titre édifiant: « Au Sahara, une décision américaine qui nous rapproche d’une solution ».
Vous avez donc bien lu: la décision US « en a conduit quelques-uns à se faire un sang d’encre ». Sans vouloir forcer l’interprétation, le destinataire principal de ce message serait l’Espagne, pour ne pas parler de l’Algérie dont l’hostilité anti-marocaine ne s’est jamais démentie.
« Dans ce conflit, ce sont deux visions qui s’opposent. D’un côté, celle du Maroc, portée par son Souverain, qui veut que l’avenir soit meilleur que le passé, et qui investit massivement pour le construire avec plus de 7 milliards de dollars sur dix ans rien que dans les provinces du Sud, répondant ainsi à la vision royale de ne pas laisser les populations otages du processus politique qui s’enlise. De l’autre côté, celle des autres parties, qui privilégient le statu quo, voire le pourrissement, empêchant l’intégration économique régionale, menaçant la sécurité dans une région instable et faisant fi des conséquences humanitaires en jeu », relève le ministre Bourita.
Décryptons: une partie qui a fait le choix de l’avenir, et une autre qui a fait le pari du statu quo mortifère incarné par un processus devenu, in fine, contreproductif voire stérile du fait du cramponnement de la partie adverse à une thèse fossilisée, de surcroît impraticable et irréalisable, de l’aveu même de l’ONU et du Conseil de sécurité, lequel a gommé à tout jamais l’option du « référendum » et ce, depuis l’an 2000.
La décision américaine ne devait naturellement pas surprendre à l’autre bout des frontières est et nord du Maroc, elle excipe d’une volonté sincère et cohérente de solder un conflit qui n’a que trop duré. Pour s’en apercevoir, il n’est qu’à rappeler que les États-Unis, sous quelque administration que ce soit, républicaine ou démocrate, soutiennent l’offre marocaine d’autonomie depuis déjà quinze ans et leur décision de reconnaître la souveraineté du Royaume sur son Sahara émane d’une conviction ferme du bien-fondé de l’Initiative du Maroc pour l’octroi d’un statut d’autonomie pour le Sahara, de la même manière qu’il l’a été pour les régions autonomes espagnoles.
Sur ce point comme sur d’autres, Madrid doit faire preuve de cohérence et surtout ne pas insulter l’avenir.