Le Maroc, qui a payé un lourd tribut et su redimensionner sa stratégie sécuritaire pour faire face à la menace terroriste, constitue « un maillon fort » de la coopération internationale en matière de lutte contre le terrorisme et un partenaire de premier plan pour l’Europe, a affirmé, jeudi, Emmanuel Dupuy, président de l’Institut Prospective et Sécurité en Europe (IPSE), un Think tank spécialisé dans les questions de défense, géopolitique, géoéconomie et géostratégie.
« Le Maroc a réussi à mettre en place un maillage à l’intérieur de son propre territoire. Celui-là même qui lui a permis d’apporter une réponse coordonnée d’action et de coopération régionale, continentale, et plus spécifiquement euro-méditerranéen en matière d’anti-terrorisme. C’est sur cela que réside la « martingale » qui fait du Maroc, le maillon fort de la lutte contre le terrorisme entre l’Europe, l’Afrique et par-delà, la Méditerranée », a souligné le Président de l’IPSE, qui a analysé pour le site d’information AtlasInfo, les éléments constitutifs de la singularité du modèle sécuritaire marocain en matière de lutte contre le terrorisme et les grands principes de sa stratégie en matière de coopération internationale.
Selon ce spécialiste des questions de sécurité et de défense, « le modèle marocain d’un Islam du « juste milieu », « serein, équilibré et pondéré (…) est également un des outils prégnants dans la lutte contre le terrorisme ». A cela s’ajoute, la référence « structurante » que constitue le statut de SM le Roi Mohammed VI, Commandeur des croyants, et président du Comité Al-Qods , qui a « toute son importance et rayonne bien au-delà des frontières du Royaume marocain », ainsi que la forte résilience sociale et une détermination sans faille dans le domaine cultuel à travers la restructuration du champ religieux par l’Etat.
« Tous ces éléments, affirme le président de l’IPSE, contribuent à expliquer cette espèce d’engouement au niveau international pour l’exemplarité marocaine ».
Selon Emmanuel Dupuy, le modèle marocain de lutte contre la radicalisation et l’extrémisme violent suscite l’intérêt de la France et d’autres pays européens, tels que l’Espagne. « L’exemple de l’Institut Mohammed VI de formation des Imams en est une illustration que Paris regarde avec beaucoup d’intérêt, justifiant les visites ministérielles répétées des dernières semaines ».
Toutefois, a-t-il considéré, « la sécurité entre les deux rives de la Méditerranée ne se résume pas à une excellente coopération bilatérale, mais se construit plutôt dans une coopération plus large ».
Et de souligner, dans ce cadre, que le Maroc devrait être amené, « incontestablement », à jouer un rôle beaucoup plus prépondérant que ce soit dans le cadre de l’initiative dite du « G4 terrorisme », proposée par les ministres de la justice de France, de Belgique, d’Espagne et du Maroc et qui va être consolidée lors de la prochaine présidence semestrielle de l’Union européenne, assurée par le Portugal à partir du 1er janvier prochain, ou par le truchement de l’initiative dite du 5+5, ou dans d’autres cadres qu’ « il faudrait peut-être réinventer pour contrer la menace terroriste au niveau méditerranéen, africain ou européen ».
Le Maroc informe, alerte et partage les informations dont il dispose, ce qui a permis d’anticiper sur des opérations terroristes en Europe et de neutraliser leurs organisateurs, a-t-il fait observer.
Mais, « il y a d’autres éléments qui entrent en jeu dans la place du Maroc et son rôle dans la sécurité de toute la région: ses avancées diplomatiques, son leadership sur le continent africain et toute la dynamique d’intégration économique qu’il imprime en Afrique ». « Tous ces éléments contribuent à faire du Royaume un partenaire de tout premier plan pour l’Europe », a assuré le président de l’IPSE.
« Sur le plan militaire, le Maroc est un partenaire incontournable. C’est aussi pour cette raison qu’il a été longtemps présenté comme un « allié majeur hors OTAN » et qu’il est depuis 2016, qualifié de « partenaire stratégique » de l’Organisation du Traité de l’Atlantique Nord », a-t-il souligné.
De même, les avancées récentes sur le plan diplomatique (reconnaissance accélérée et élargie de la marocanité du Sahara), alliées au retour du Maroc au sein de l’Union Africaine ainsi que les prémices de l’intégration du Maroc au sein de la Communauté des Etats d’Afrique de l’Ouest (CEDEAO), et la mise en place, « sûrement mais lentement », de la Zone de Libre Échange Continentale Africaine (ZLECAF) à partir de 2021… tout cela participe à « une nouvelle dynamique d’intégration régionale » dans laquelle « les apports du Maroc doivent être pris en compte dans des formats qui permettent de faire face aux groupes armés et organisations terroristes dans la région », a estimé Emmanuel Dupuy.