Le président Macron, la liberté d’expression, les appels à la renonciation à l’État de droit, la loi sur la négation de la shoah et le Guantanamo à la française

Le président français a adressé une « mise au point »  au Financial Times qui l’avait accusé de « stigmatiser, à des fins électorales, les français musulmans ». Emmanuel Macron était tellement convaincant que le célèbre journal économique britannique a dû retirer l’article incriminé, paru lundi dernier.

Dans sa réponse, le chef de l’État français récuse catégoriquement cette accusation en déclarant: « Je ne laisserai personne affirmer que la France, son État, cultive le racisme vis-à-vis des musulmans. La France entend aujourd’hui lutter contre des projets de haine et de mort qui menacent ses enfants. Jamais contre l’Islam. Contre l’obscurantisme, le fanatisme, l’extrémisme violent. Jamais contre une religion ».

C’est vrai que Macron n’a jamais employé dans la loi contre le terrorisme le terme de « séparatisme islamique » mais il a bien spécifié « séparatisme islamiste » prôné, dit-il, par ces intégristes qui dévoient l’Islam. Tout le monde comprend l’émotion ressentie par les Français après les actes terroristes barbares de ces dernières semaines.

Mais le président Macron emporté par l’émotion, voire par une colère collective, tout à fait justifiée d’ailleurs, a prononcé la phrase de trop en rendant un hommage posthume au professeur traîtreusement assassiné:  « Nous ne renoncerons pas aux caricatures, aux dessins ».

Sachant l’émotion et la consternation qu’avaient suscitées, depuis 2015, chez les musulmans, ces caricatures sur le prophète Sidna Mohammed, Macron aurait dû s’en passer et laisser aux journalistes et autres politiques le soin de défendre la liberté d’expression, à la Française !

Car cette liberté d’expression, à géométrie variable, permet tout et curieusement elle interdit de renier un fait de l’histoire. Pis encore, l’État de droit en France a, en 1990, adopté la loi Gayssot qui sanctionne de prison ferme et d’amendes toute personne qui ose démentir l’existence de l’holocauste (l’extermination des juifs par les nazis).

Le fait de croire ou ne pas croire en tout, y compris en Dieu et ses prophètes, est permis en France sauf celui de ne pas croire à la Shoah. Comme si celui qui affirme que cette extermination n’a pas existé, il va changer le cours de l’histoire et nous faire oublier les millions de victimes juives de la barbarie nazie, le génocide bosniaque, rwandais et autres.

Comment alors peut-on faire croire à 1,5 milliard de musulmans dans le monde que l’on peut caricaturer le prophète Sidna Mohamed, d’une manière aussi ignoble, au nom de la liberté d’expression et que, d’autre part, l’on incrimine quelqu’un, qui renie un fait, aussi tragique soit-il, de l’histoire ?

Par ailleurs, Macron affirme dans sa lettre au Financial Times: « Tout l’appareil d’État est mobilisé sur la base de lois discutées et votées au Parlement. Car nous ne renonçons pas non plus à la démocratie et à l’Etat de droit ».

Le président oublie ou feint d’oublier que chaque jour sur les plateaux de télévision, dans les studios des radios et dans la presse écrite et électronique, des néo-extrémistes appellent à abolir l’État de droit pour pouvoir interner et expulser les musulmans qu’ils soient intégristes ou pas. Car pour beaucoup d’entre eux, il n’y a pas de différence entre un islamiste et un musulman puisque, disent-ils, il existe une porosité entre les deux.

Du coup, ces adeptes du non-droit appellent à l’expulsion de gens soupçonnés de radicalisation ou suivis par les services de renseignement dans les fichiers « S » ou « FSPRT ». Autant dire que l’on appelle à faire des perquisitions administratives et à interner des gens pour une intention supposée dans des centres de rétention.

Les plus radicalisés parmi ces extrémistes français n’ont pas hésité à suggérer la mise en place d’un Guantanamo à la française pour y interner sans jugement tout musulman soupçonné d’être radicalisé. Les chaînes d’information en continu ont, pendant des jours, affiché sur leur écran le mot « Guantanamo à la française » sans que le Conseil supérieur de l’audiovisuel (CSA) ait osé mettre fin à ce lynchage médiatique des musulmans.