VIDÉO. SAÂD LAMJARRED. DE L’ART… MAIS AUSSI DU BUSINESS. LES SECRETS D’UNE INCROYABLE SUCCESS STORY

Dans son dernier clip « Adda Elkalam », Saad Lamjarred est déguisé en artiste de cirque, jouant plusieurs rôles « danseur, clown, dompteur, chanteur, mais surtout un magicien, qui éblouit les spectateurs avec ses jeux et ses feintes.

En effet, le rôle de magicien que Saad Lamjarred a choisi de jouer reflète, à bien des égards, la réussite « hors norme » de ses chansons, et les millions de vues que ses clips réalisent, dans un temps record.

 

 

Un Trophée Diamant et un public de plus en plus nombreux ! 

La chanson « L’maalem », qui avait dépassé les 20 millions de vues en moins de deux semaines, en est le meilleur exemple. Les succès se sont par la suite succédé à chaque fois où le jeune artiste sort un nouveau clip, grâce à son public nombreux du Maroc et de partout dans le monde et ses nouveaux rythmes basés parfois sur le folklore marocain, mais également sur les cultures musicales d’autres pays et régions.

Cette grande réussite est facilement constatable sur la chaîne Youtube de « L’maalem », qui grâce à ses 10 millions d’abonnés a remporté le Trophée Diamant. Un moment que Lamjarred avait partagé via son compte Instagram, tout en exprimant son amour et sa reconnaissance envers ses millions de followers.

En réalité, la base des fans du chanteur marocain qui ne cesse de se renforcer et le fait qu’il soit le premier chanteur africain à qui Youtube décerne ce Trophée n’est pas fortuit. Mais il s’agit des fruits d’un long de travail de réflexion menée au préalable, afin de s’ouvrir sur un public de plus en plus nombreux.

La dernière chanson « Adda Elkalam » est le parfait exemple de cette volonté à attirer le maximum de fans, puisqu’il s’agit de la première fois que Lamjarred opte pour l’arabe égyptien.

Et ainsi, à l’instar des précédentes, cette chanson a réalisé 27 millions de vues en 20 jours, soit une moyenne de 1.35 millions/jour !

De l’art… mais aussi du « business » 

Revenant au choix du dialecte égyptien, le directeur et conseiller artistique, Hicham Abkari a avancé que le fait de s’orienter vers ce genre musical est « une excellente ouverture sur de nouvelles opportunités en termes de marchés artistiques ».

« Désormais, la logique qui oriente le choix des produits artistiques n’est pas seulement technique, mais aussi commerciale » a relevé M. Abkari dans une déclaration à la MAP, relevant que ces produits sont soumis à « une logique de consommation ».

« Cette gestion a été pensée au préalable », poursuit le directeur artistique, considérant que la production et la mise sur le marché d’une chanson destinée à un public du Moyen Orient (sur Youtube), est une manière pour réaliser le maximum de vues et ainsi bénéficier de sa compensation pécuniaire « .

Pour M. Abkari, l’utilisation des rythmes du Golfe dans les chansons par des artistes marocains tels que Saâd Lamjarred, Hatim Ammor ou Daoudia, n’est pas une « aliénation ou un déni d’identité ». Les raisons de ce choix sont « purement industriels », décidé par une logique de « marché ». Il y a même des artistes du Golfe qui ont eu recours au dialecte marocain pour entretenir leurs popularités, a-t-il ajouté.

Cependant, la prédominance de la logique « économique et de gain » n’est pas en contradiction avec « la qualité » des œuvres, s’explique le directeur artistique. La plupart des chansons dominantes sur la scène artistique, dites « Mainstream », font partie d’une « industrie créatrice et génératrice de revenue », notamment des photographes, techniciens, réalisateurs, ingénieurs de son et agents.

« SL » est la marque prêt-à-porter 

Dans la même veine de « dévouement » au « business », le chanteur Saâd Lamjarred vient de dévoiler le lancement de sa propre marque de vêtements, du prêt-à-porter, signé par ses initiales « SL ». Une annonce faite « en live » via le réseau social « Instagram ».

Portant un T-shirt avec son logo de marque, Saâd a annoncé que cette nouvelle ligne, destinée aux femmes et aux hommes, reflète son goût personnel du prêt à porter caractérisé par la « beauté, la simplicité, la modernité avec une touche arabe ».

Commentant ces données, Hicham Abkari a déclaré que la mise sur le marché d’une ligne de vêtement, par un artiste, relève des produits dits « dérivés ». Il s’agit d’une pratique commerciale entreprise par des artistes internationaux et même nationaux tel que Muslim, Fnaire, et d’autres.

Ces « produits dérivés », bénéficient, selon M. Abkari, d’un « coup de pouce » et surtout de la « popularité » du produit original, qui est l’artiste lui même. Tout cela s’inscrit dans le cadre d’une industrie basée sur la diversification des activités pour générer des sources de profits supplémentaires, a-t-il précisé.

À propos du futur: le défis du corps et de la nouveauté 

Parce que l’évolution est une loi générale, les tendances artistiques et les styles musicaux changent aussi selon le désir et les attentes du public. L’avenir artistique de Saâd Lamjarred rencontre des défis qui s’imposent pour plusieurs raisons, notamment celles qui touchent à l’artiste lui même, son environnement artistique et les mutations du marché.

Pour Hicham Abkari, l’un de ces défis réside dans le « corps ». « Le corps est un défi pour bon nombre d’artistes ».

Le chanteur doit entretenir sa voix mais également son corps qu’il utilise lors des scènes de danse pour produire des œuvres visuelles, ce qui signifie que l’artiste est appelé à faire plus d’efforts afin de se maintenir et ainsi promouvoir ses œuvres donnant au spectateur et à l’auditeur une envie de danser et de suivre le rythme, souligne M. Abkari.

Évoquant l’empreinte artistique et visuelle de la chanteuse internationale « Madonna », le directeur artistique relève que l’effort artistique a également consisté en la préservation de la beauté corporelle en ayant recours à la chirurgie esthétique pour faire face aux marques du temps.

Le deuxième défi, assure Hichamm Abkari, est celui du renouvellement artistique pour garder une présence sur la scène musicale et séduire un public dont les attentes sont en perpétuelle évolution.

C’est ainsi que l’artiste est contraint d’assurer une nouveauté de style rendant son produit « non obsolète », a-t-il expliqué. C’est exactement ce que l’artiste marocaine aux multiples récompenses, Samira Saïd qui, durant toute sa carrière artistique, a ajouté des touches de nouveauté et d’originalité, notamment en sortant le duo « Youm wara Youm » avec Cheb Mami ou « Be winner » avec le groupe « Fnaire ».

A l’apogée de sa carrière artistique, Saâd Lamjarred continue d’étonner et de séduire ses fans. Lui qui a entamé sa carrière comme candidat amateur dans un programme arabe consacré aux jeunes talents, il y a plus de dix ans, pour ensuite se transformer en artiste professionnel, un « magicien » qui éblouit ses fans.

ABDELATIF ABILKASSEM-MAP