Très en vogue depuis quelques années, le crowdfunding, financement collaboratif ou littéralement « financement par la foule », est devenu un mode de financement de plus en plus prisé à travers le monde et représente une alternative innovante aux sources de financement traditionnelles.
Ce mécanisme innovant, qui a fait ses preuves dans plusieurs pays, permet de financer des projets de type entrepreneurial, social ou culturel au moyen de plateformes en ligne qui organisent la mise en relation de porteurs de projet et de contributeurs. Il constitue en effet une relation entre trois acteurs à savoir le porteur du projet qui recherche un financement, le public susceptible d’apporter le financement et la plateforme de financement collaboratif, intermédiaire électronique géré par une société de financement collaboratif (SFC) permettant la mise en relation entre le porteur du projet et le public.
Au Maroc, la loi n° 15-18 relatif au financement collaboratif, a été adoptée définitivement par la chambre des représentants en février dernier. Ce cadre juridique, qui prévoit trois formes de financement collaboratif, à savoir le prêt, l’investissement en capital et le don, devra contribuer à la mobilisation de nouvelles sources de financement au profit des très petites, petites et moyennes entreprises et des jeunes porteurs de projets innovant, à la libération du potentiel créatif et culturel des jeunes et à l’accompagnement de la société civile dans le financement de projets à fort impact social et de développement humain.
« La Loi n°15-18 vient enrichir un dispositif de financement des startups marocaines qui a été mis en place depuis le lancement du programme Innov Invest de la CCG », a indiqué à la MAP, Meriem Zaïri, présidente de la commission start-up et transformation digitale à la Confédération générale des entreprises du Maroc (CGEM). Elle était attendue par l’ensemble de l’écosystème entrepreneurial pour renforcer et diversifier les dispositifs de financement au stade de l’idée et de l’amorçage, a soutenu Mme Zairi.
De son côté, Eric Asmar, CEO de Happy smala, un lab d’innovation qui accompagne les entreprises, les institutions publiques et les acteurs du tiers-secteur sur des questions de digitalisation, d’innovation et de financement collaboratif, a estimé que ladite loi permettra aux plateformes de crowdfunding d’opérer librement sur le marché marocain avec des systèmes de paiement marocains, réduisant ainsi les coûts et élargissant le portefeuille de projets potentiels à financer.
« Pour les start-up, il s’agit d’un outil de validation du projet auprès de la foule, de communication et de levée de fonds évidemment et le fait qu’il soit régi par la loi marocaine élargit la communauté des backers/contributeurs potentiels », a-t-il relevé.
Même son de cloche chez Sylvain Alassaire, gérant et fondateur du cabinet Alassaire JuriConseil, un cabinet de conseil juridique spécialisé en droit des affaires à Casablanca, qui a souligné qu’à la lumière des expériences étrangères, le crowdfunding est une réelle alternative aux modalités classiques de financement des entreprises.
« Outre un cadre juridique adapté permettant un accès simple au financement, le crowdfunding ne peut que faciliter le financement des start-up existantes ou naissantes et ainsi favoriser leur développement, pour au moins deux raisons.
D’une part, elles auront accès à un très large public, ce qui multiplie leurs chances d’être financées. D’autre part, elles pourront choisir le mode de financement le plus adapté à leur besoin (prêt, don ou investissement en capital) voire associer un financement collaboratif à un financement bancaire ou en capital sous forme d’une prise de participation par un Business Angel ou un fond d’investissement », a t-il expliqué.