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16 000 sub-sahariens refoulés par Alger en deux mois, un nouveau triste record

Un désastre humanitaire aux portes de l'Europe [Vidéos]

Le chiffre fait froid dans le dos: plus de 16 000 migrants subsahariens, dont des enfants et des femmes, ont été refoulés d’Algérie vers le Niger, soit plus de la moitié des 31 000 migrants refoulés sur toute l’année 2024 par Alger, révèle InfoMigrants, un site d’informations spécialisé lancé le 30 mars 2017 par France Médias Monde (RFI, France 24), l’allemand Deutsche Welle et l’agence de presse italienne ANSA. Selon une enquête de Border Forensics, ces migrants, renvoyés dans des conditions brutales, « n’ont aucune chance de survie ». Une véritable tragédie orchestrée par un régime algérien viscéralement raciste et haineux envers « l’homme noir », particulièrement ceux des pays de son voisinage immédiat. Voici in extenso l’article d’InfoMigrants.

 

 

 

« Depuis le mois d’avril, plus de 16 000 migrants en situation irrégulière, dont des enfants et des femmes, ont été expulsés d’Algérie vers le Niger, selon les autorités. Et ces expulsions représentent plus de la moitié des 31 000 migrants refoulés sur toute l’année 2024 par Alger, souvent dans « des conditions brutales », rappelle l’ONG locale Alarme Phone Sahara.

L’Algérie a refoulé plus de 16 000 migrants irréguliers africains vers le Niger depuis avril 2025, dont des femmes et des enfants, soit plus de la moitié des expulsions de 2024, ont annoncé mercredi 4 juin les autorités nigériennes.

Dimanche et lundi, 1 466 migrants au total sont arrivés à Assamaka, localité frontalière de l’Algérie, ont indiqué mercredi les autorités préfectorales d’Arlit, une ville du nord du Niger. Le premier groupe, arrivé dimanche, comptait 688 ressortissants d’une dizaine de pays ouest-africains, parmi lesquels 239 Nigériens, ont précisé les autorités.

 

 

 

Le deuxième groupe, qui rassemblait 778 Nigériens dont 222 mineurs, est arrivé lundi à bord de 13 camions et d’une fourgonnette, ont-elles ajouté.

Entre le 1er et le 30 mai déjà, 8 086 migrants (5 287 Nigériens et 2 799 personnes d’autres nationalités africaines) avaient été expulsés par Alger, selon un décompte des autorités. En avril, 6 737 autres avaient été refoulés.

Toutes ces expulsions représentent plus de la moitié des 31 000 migrants refoulés sur toute l’année 2024 par Alger, souvent dans « des conditions brutales », selon l’ONG locale Alarme Phone Sahara. Elle a récemment dénoncé une « violation des droits humains » et exigé « l’arrêt immédiat des rafles et des expulsions massives » par l’Algérie.

Accélération des retours « volontaires »

Face à ces arrivées massives – qui ont cours depuis des années -, le Niger avait annoncé en mai vouloir appuyer l’Organisation internationale de la migration (OIM) pour accélérer le rapatriement dans leur pays d’origine -d’ici juillet- d’environ 4 000 migrants. Les autorités nigériennes disent vouloir éviter un « désastre humanitaire ».

Mais ces retours « volontaires » prennent du temps. De manière générale, l’OIM est tributaire des processus imposés par les États d’origine pour délivrer les laissez-passer. Chaque nouvelle exigence de ces derniers – entretiens en vidéoconférence avec le migrant, formulaires rébarbatifs, etc. – entraîne un peu plus de retard pour les migrants originaires de ces pays, bloquant ainsi tout le processus et provoquant l’embolie du système d’accueil onusien sur le territoire nigérien ».

Cette surpopulation de migrants – notamment à Assamaka et Agadez – concentre toutes les frustrations.

Cette situation « perturbe l’équilibre sécuritaire » du pays, avait déclaré fin janvier le général Mohamed Toumba, ministre nigérien de l’Intérieur de ce pays gouverné depuis près de deux ans par un régime militaire.

Le double discours d’Alger

Les autorités algériennes, elles, affichent un double discours sur leur politique migratoire. D’un côté, Alger expulse ces sans-papiers dans le désert, de l’autre, le pays communique sur leur accueil et leur intégration.  

Les personnes expulsées doivent survivre dans des conditions de vie particulièrement difficiles. Dans un environnement désertique, elles sont confrontées à un climat très hostile qui cumule de très fortes températures (souvent 47°C- 48°C), l’absence d’abri ainsi qu’un manque d’accès à l’eau, à la nourriture et aux soins.

 

 

Abandonnés par Alger dans la zone dite du « Point Zero » – un lieu désertique en Algérie à une quinzaine de kilomètres de la frontière avec le Niger, les migrants doivent ensuite parcourir à pied pendant des heures le chemin vers Assamaka où se trouve le centre de transit de l’Organisation internationale des migrations (OIM), le bras de l’ONU qui assiste les retours volontaires des migrants vers leur pays d’origine.

L’Algérie n’est pas le seul pays de la région à abandonner des migrants dans le désert. La Libye aussi. Entre le 28 mars et le 25 avril 2025, 792 migrants, majoritairement nigériens, ont débarqué dans des zones désertiques de la région de Siguidine (centre-est du Niger) après avoir été renvoyés du sol libyen. Parmi eux, on comptait plusieurs femmes et mineurs.

En Libye, les exilés peuvent être interpellés dans la rue, sur leur lieu de travail, dans leur appartement… puis placés dans des camions de marchandises à destination du sud du pays, près de la frontière nigérienne. D’autres sont expulsés directement depuis les centres de détention libyens, selon Alarme phone Sahara.

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