
Dans cette interview à lecollimateur.ma, l’artiste marocaine Souad EL Alaoui se confie sur son parcours, qui n’a pas été un long fleuve tranquille. Après avoir fait ses premières armes en 1984, elle a dû cravacher dur avant de devenir un visage familier et apprécié du public marocain.
Souad déclare au début de son interview : « Je suis très heureuse d’avoir poursuivi mon travail dans ce domaine depuis cette date jusqu’à aujourd’hui. J’espère que nous continuerons et que Dieu prolongera nos vies afin que nous puissions présenter des œuvres honorables et dignes du public marocain. »
Concernant son lancement, elle précise que son entrée dans le monde du théâtre n’était pas planifiée, mais plutôt le fruit du hasard : « Je n’ai pas choisi l’art, mais c’est l’art qui m’a choisie. », dit-elle.
Bien qu’elle ait pratiqué le théâtre avant de recevoir une formation académique dans ce domaine, son sentiment de manquer de certaines compétences l’a incitée à se rattraper plus tard.
Sa première expérience a eu lieu dans un court métrage, qu’elle a décrit comme terrifiant en raison de la peur de sa première expérience. Cependant, elle a rapidement décroché un rôle principal dans la célèbre série télévisée « Radhiya », qui a marqué un tournant positif dans sa carrière au tout début des années 90.
Concernant sa capacité à interpréter plusieurs rôles, Souad El Alaoui souligne qu’un véritable artiste ne devrait pas être stéréotypé : « Un artiste doit être flexible et capable d’incarner différents personnages. J’aime les rôles stimulants qui me mettent au défi, et je m’efforce toujours de les réussir. »
Elle ajoute ne voir aucune différence entre un grand rôle et un petit, car chaque rôle, selon elle, porte un message et exige des efforts et du respect.
Parlant des difficultés, elle explique ne pas avoir rencontré beaucoup de problèmes à ses débuts, mais que les défis l’accompagnent encore aujourd’hui. « La patience est ce qui nous fait avancer. Parfois, nous voyons des rôles assignés à d’autres que nous savons capables d’assumer, et nous souffrons en silence, en nous demandant : est-ce de notre faute ou de la leur ? C’est peut-être une simple coïncidence… mais l’exclusion répétée est douloureuse. », reconnaît-elle.
Lorsque nous lui avons demandé quel était son modèle artistique, elle nous a surpris en déclarant : « Je n’ai trouvé personne pour me tendre la main. Au contraire, j’ai trouvé quelqu’un qui m’a poussée en arrière. C’est pourquoi je ne me considère pas comme un modèle dans ce domaine. Chaque artiste a son propre style et sa propre forme, mais j’ai tracé ma propre voie. »
Souad se dit inquiète quant à l’impact de l’intelligence artificielle sur l’art : « Je crains qu’un jour vienne où nous verrons nos visages utilisés dans des comédies sans que nous ayons à quitter nos maisons ».
« Il est vrai que l’intelligence artificielle est utile, mais c’est une arme à double tranchant et elle peut amener les gens à abandonner leur effort mental », affirme-t-elle.
D’une voix emplie d’une profonde tristesse, Souad évoque l’absence de reconnaissance pour les pionniers : « Je n’en connais pas la raison, mais ce que nous constatons est douloureux. Certains d’entre eux sont partis avec regret et marginalisation. »
« Je vois des visages aimés disparaître sans être honorés, et j’espère que les responsables leur prêteront attention et les intégreront à la nouvelle génération (..) Ce ne sont pas seulement les jeunes qui méritent des opportunités. », fait-elle constater.
Concernant le phénomène des « célébrités numériques » entrant dans le monde du cinéma sans aucune formation, Al Alaoui ne cache pas son désaccord : « Je ne les considère pas comme des célébrités ».
: « La célébrité ne se résume pas à faire sensation sur les réseaux sociaux, mais plutôt à trouver sa voie et à être crédible. Jouer devant une vraie caméra, ce n’est pas comme jouer devant un téléphone. Certains excellent, mais d’autres échouent dès qu’ils se retrouvent devant l’objectif », explique-t-elle.
Concernant ses nouveaux projets, Souad révèle être sur une série intitulée: « The Friend », qui sera bientôt diffusée sur Al Oula TV, en plus des œuvres cinématographiques qu’elle a terminé de tourner et d’autres œuvres qui sont en cours d’achèvement.
À la fin de l’entretien, elle donne un conseil sincère aux jeunes : « Patience, encore patience. Ne vous précipitez pas dans ce domaine. Choisissez vos rôles avec soin et, surtout, respectez-les. On nous a appris à respecter ceux qui nous ont précédés et à les apprécier. Aujourd’hui, je constate que certains manquent de cela, et c’est regrettable. Le respect ne diminue pas la valeur, il la rehausse. »
Et de conclure son message au public par des mots touchants : « Vous êtes mes amis. Quand je vous rencontre et que vous m’entendez dire : “Vous faites partie de la famille”, je pleure d’émotion. Merci pour votre amour et votre respect. Je vous aime comme vous m’aimez. »