
Par: Marco BARATTO ★

Au cœur d’une civilisation mondiale traversée par des guerres, des crises humanitaires et des fractures profondes, se déroule l’un des rites les plus anciens et les plus significatifs : l’élection du Pape. Un acte qui semble aller à contre-courant de la vitesse et du bruit de notre époque, mais qui pour cette raison même prend une force symbolique et morale extraordinaire. Alors que les armes tonnent, du Moyen-Orient au sous-continent indien, en passant par une Europe de plus en plus polarisée, 133 hommes s’isolent du monde, apportant avec eux des âges, des langues, des cultures et des expériences différents. Ils s’enferment dans la chapelle Sixtine non pas pour s’échapper, mais pour écouter. Non pas pour séparer, mais pour discerner.
Le pape n’est plus depuis longtemps seulement le chef des catholiques. Depuis 1978, sa voix a pris une envergure mondiale : une autorité morale qui parle à toute l’humanité. C’est le visage visible d’une Église appelée à se faire Samaritaine, proche des blessures du monde, capable d’offrir des paroles de miséricorde, des gestes de paix, des horizons d’espérance. Et c’est précisément le profil que les cardinaux ont tenté de dessiner lors de la Congrégation générale précédant le Conclave : un Pape-pasteur, maître d’humanité, capable de guider humblement une Église synodale, attentive aux plus petits et fidèle à sa mission évangélique.
Au cours des travaux, le pouvoir du Pape a été abordé, le sens d’être cardinal aujourd’hui, la nécessité de renforcer le lien avec les pauvres, également à travers des signes concrets comme la Journée mondiale qui leur est dédiée. La discussion a porté sur l’urgence de rendre plus efficaces les réunions du Collège des cardinaux, de vivre l’initiation chrétienne comme un acte missionnaire, d’offrir une formation profonde enracinée dans le témoignage. Le souvenir des martyrs de la foi, ceux qui, dans des terres où la liberté religieuse est un rêve lointain, paient de leur vie leur fidélité à l’Évangile, a résonné profondément. Dans une année marquée par le 1700e anniversaire du Concile de Nicée, on a aussi parlé d’œcuménisme et du désir toujours vivace d’une date commune pour célébrer Pâques. Un geste qui, s’il était accompli, aurait une énorme valeur symbolique : un signe d’unité dans un monde divisé.





