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Vivement un Pape africain !

Par: Zakia Laaroussi

Chaque fois que le soleil d’Afrique resplendit et inonde sa terre aride d’une tendresse brûlante, une question froide, tranchante, revient hanter les consciences : pourquoi redoute-t-on sa peau ? Pourquoi célèbre-t-on le désert africain, ses sables et ses astres, tout en méprisant sa couleur la plus naturelle : le noir ?

L’islam — cette foi descendue comme une miséricorde pour l’humanité — nous a enseigné qu’il n’est point de distinction entre Arabe et non-Arabe, entre Blanc et Noir, si ce n’est par la piété. Ce principe spirituel, s’il avait été fidèlement appliqué, aurait suffi à éteindre les foyers de la haine raciale. Hélas, dans notre propre patrimoine arabo-musulman, le poison de l’inégalité s’est infiltré dans les récits, dans les attitudes, dans les langages — tel un venin lent que seule une secousse de conscience pourrait neutraliser.

Mais quel est, alors, le prétexte de l’Église ? Elle qui brandit le drapeau de la justice divine et de l’amour universel, hésite encore à faire monter un homme noir sur le trône pontifical — alors même que l’Afrique est aujourd’hui le cœur battant du catholicisme mondial. La justice que proclame l’Église serait-elle conditionnée par la carnation ?

Oui, l’Afrique connaît actuellement la croissance catholique la plus rapide de la planète. Environ 20 % des catholiques du monde y vivent. Et pourtant, depuis plus de quinze siècles, aucun Africain n’a eu l’honneur de diriger l’Église.

Est-ce parce que l’on considère le continent « immature » ? Ou parce que l’Église, malgré ses chants d’équité, reste prisonnière de l’imaginaire occidental et du mythe de la blancheur ?

Le pape François, bien que reconnu pour son ouverture à l’égard de l’Afrique, n’a confié à aucun cardinal africain une autorité véritable. Et nous voici ramenés à l’éternelle interrogation : pourquoi octroyer les titres, mais refuser les pouvoirs ?

Nommer un saint, un pape d’Afrique — et plus encore, à la peau noire — ne serait pas un geste de symbolisme creux, mais une proclamation morale, un acte d’intégrité envers un monde fatigué de se mentir à lui-même.

La charité, dit-on, commence chez soi ; et en l’occurrence, c’est à l’Église qu’il revient de pratiquer ce qu’elle prêche : l’égalité. Aura-t-elle le courage de se regarder dans le miroir de l’Histoire et d’y reconnaître que sa prétendue justice n’a pas honoré toutes les âmes avec la même dignité ?

Lorsque la peau noire devient un fardeau plutôt qu’une grâce, un soupçon au lieu d’un témoignage, la faute ne réside pas dans le corps, mais dans la conscience collective de l’humanité.

Oui, l’Histoire est marquée par le racisme — mais nul besoin de s’y soumettre docilement. Il est temps de briser les chaînes. Il est temps qu’un homme, dont le front noirci par le soleil africain reflète une foi profonde et patiente, accède au siège de Pierre — non par faveur, mais par justice.

Car ce n’est pas un « pape africain » que l’on réclame. C’est une Église fidèle à ses principes. Une Église qui ose, enfin, incarner l’universel.

L’Église osera-t-elle ?

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