Sahel: le G5 veut davantage de soutien militaire contre les groupes terroristes

Les chefs d’Etat du G5-Sahel (Mauritanie, Mali, Tchad, Niger et Burkina Faso) ont appelé la communauté internationale à fournir plus de soutien militaire pour une lutte globale contre le terrorisme dans la région du Sahel.

Dans une Déclaration finale publiée à l’issue du Sommet des Chefs d’Etat et de Gouvernement du G5-Sahel et de la France, tenu mardi à Nouakchott et auquel ont pris part le Président français Emmanuel Macron, ainsi que des responsables européens, africains et internationaux, ces chefs d’Etat ont demandé un financement permanent pour la force commune du G5- Sahel et le placement de cette force dans l’article 7 de la Charte des Nations unies.

Ils ont salué les perspectives de déploiement des premiers soldats de la Force Takuba, à l’été 2020, d’une brigade de la Grande Bretagne en appui à la MINUSMA cette année et d’un contingent de 3.000 hommes de l’Union africaine, comme ils ont exprimé leur reconnaissance à l’égard de l’appui crucial apporté par la France et les Etats-Unis, ainsi que celui de la MINUSMA au bénéfice de la Force conjointe du G5 Sahel.

Les Chefs d’Etat du G5 Sahel ont, de même, salué l’engagement des effectifs supplémentaires de la Force Barkhane au cours du dernier semestre et l’opérationnalisation du Mécanisme de Commandement conjoint facilitant la coordination entre la Force conjointe du G5 Sahel et la Force Barkhane. Ils se sont félicités de la reprise d’opérations soutenues dans la zone des Trois frontières, des succès enregistrés par les forces nationales, la Force conjointe et les forces internationales.

La Déclaration finale a salué, une fois encore, le succès de l’opération éclair « Colère de Boma » dans la région du Lac Tchad, au mois d’avril 2020, contre les factions de Boko Haram qui imposent un autre front au Tchad et au Niger, méritant également l’attention de la communauté internationale.

Les Chefs d’Etat ont saisi cette opportunité pour renouveler leur appel à l’annulation de la dette extérieure des pays du G5 Sahel, tel que formulé dans la « Déclaration de Nouakchott sur la pandémie de COVID-19 », issue de la session extraordinaire de la Conférence des Chefs d’Etat du G5 Sahel du 27 avril 2020.

Saluant l’engagement et les apports des autres partenaires, notamment des Etats-Unis, les Chefs d’Etat ont insisté sur la nécessité de poursuivre et de renforcer l’appui en équipements des Forces de défense et de sécurité des Etats membres du G5 Sahel et de la Force conjointe. Ils ont également encouragé l’élargissement et la diversification des activités de soutien de tous les partenaires à tous les pays membres du G5 Sahel, y compris en matière de formation, en fonction des besoins et spécificités de chacun.

Ils ont aussi souligné le besoin d’intensification du combat sur tous les fronts des forces nationales et internationales contre les groupes terroristes et ont appelé à la poursuite de la mise en œuvre de la Feuille de route de Pau et du Plan d’action de la Force conjointe du G5 Sahel.

Les Chefs d’Etat ont renouvelé leur engagement à ne tolérer aucune violation des droits de l’Homme et au respect du droit international humanitaire. A cet effet, ils se sont engagés à renforcer la judiciarisation des champs des opérations, notamment en poursuivant la montée en puissance de la composante prévôtale des armées nationales et de la Force conjointe et l’adhésion de l’ensemble des forces de défense et de sécurité au cadre de conformité en matière des Droits de l’Homme.

La Déclaration finale relève que le Sommet de Nouakchott marque une nouvelle étape dans le suivi des engagements communs pris à Pau et s’inscrit dans un contexte international marqué par des développements majeurs, notamment la persistance des attaques terroristes au Sahel et la détérioration de la situation sécuritaire en Libye, avec des risques réels sur la stabilité au Sahel et dans la sous-région.

Les Chefs d’Etat se sont félicités du lancement officiel de la « Coalition pour le Sahel », le 28 avril dernier, dans le cadre d’une visioconférence entre l’Union européenne et le G5 Sahel et de la tenue de la première réunion ministérielle de cette coalition, le 12 juin dernier.

Selon la Déclaration finale, le prochain Sommet se tiendra courant 2021 dans un pays du G5 Sahel. La Coalition pour le Sahel y sera associée et le suivi des engagements inclura les ministres en charge du développement en plus de ceux des Affaires étrangères et de la Défense.

Le Sommet des Chefs d’Etat et de Gouvernement du G5-Sahel et de la France a débuté ses travaux, mardi après-midi à Nouakchott, sous la coprésidence du Président mauritanien, Mohamed Ould Cheikh El Ghazouani, président en exercice du G5 Sahel et du Président français, Emmanuel Macron.

Outre MM. Ould Cheikh El Ghazouani et Macron, ont également pris part au Sommet de Nouakchott les Présidents tchadien, Idriss Déby Itno, nigérien, Issoufou Mahamadou, malien, Ibrahim Boubacar Keita et burkinabé, Roch Marc Christian Kaboré, aux côtés du chef du gouvernement espagnol, Pedro Sanchez, du président de la Commission de l’Union Africaine, Moussa Faki Mahamat et de la Secrétaire générale de l’Organisation internationale de la francophonie, Louise Mushikiwabo.

Ont également participé à ce Sommet par visioconférence la Chancelière allemande, Mme Angela Merkel, le président du Conseil de l’Union européenne, M. Charles Michel, le Premier ministre italien, Giuseppe Conte et le Secrétaire général des Nations Unies, António Guterres.

Le sommet vise à court terme à poursuivre le renforcement du processus annoncé à Pau en janvier 2020, à évaluer l’action militaire contre les groupes armés dans cette région et à examiner l’appui que la Force Barkhane apporte à la force conjointe du G5 Sahel, ainsi qu’à stopper la menace terroriste au niveau de la zone des trois frontières et dans la sous-région.