Nouveau palier dans l’escalade franco-algérienne

Alger a rejeté lundi la liste d’une soixantaine de ses ressortissants dangereux que veut expulser la France, expliquant cette décision par « son rejet catégorique des menaces et des velléités d’intimidation ainsi que des injonctions, des ultimatums et de tout langage comminatoire ».

En France, la riposte n’a pas tardé. Quelques heures plus tard, Bruno Retailleau a annoncé la suspension des accords de 2007 pour l’exemption de visa aux détenteurs de passeport diplomatique.  Un premier pas : la France pourrait en effet mettre en place une quinzaine de mesures pour mettre la pression sur le régime d’Abdelmadjid Tebboune, rapportent Le Figaro et Le Journal du dimanche (JDD).

Restrictions des visas, Boualem Sansal ambassadeur… 

Le gouvernement songe à une restriction plus large du nombre de visas accordés. Le Quai d’Orsay pourrait aussi réduire les avantages de passage aux frontières pour de nouvelles personnalités algériennes détentrices de passeport diplomatique, relate le JDD.

Pour l’instant, 801 ressortissants sont concernés et doivent présenter des justificatifs pour entrer en France. Les personnes issues des milieux militaires et économiques algériens pourraient être aussi visées.

Comme l’a proposé l’ancien ministre de la Défense Charles Millon la semaine dernière, l’État réfléchit également à nommer Boualem Sansal ambassadeur de France. Cela permettrait à l’écrivain franco-algérien – emprisonné en Algérie depuis novembre dernier -, de bénéficier d’une immunité diplomatique et d’être libéré. Concernant les expulsions, Paris pourrait établir une liste de personae non gratae.

Contrôle des frontières et des ferries 

En cas d’intensification de la crise diplomatique, le ministère français de l’Intérieur pourrait même supprimer l’agrément pour les nouveaux consuls généraux algériens après le départ de leur prédécesseur. De quoi provoquer la fermeture progressive d’une vingtaine de représentations diplomatiques.

En plus des « contrôles renforcés aux frontières sur la liste de personnalités signalées », du « retrait des titres de résidence » et de « toutes leurs facilitations administratives permettant notamment l’accès aux aéroports », la France pourrait également contrôler davantage la descente des ferries débarquant à Sète en provenance de l’Algérie. Une manière de répondre aux tentatives de déstabilisation de Corsica Ferries par le pouvoir algérien.

Rappel de l’ambassadeur de France à Alger… 

Invité de TF 1 mardi matin, le ministre de la Justice Gérald Darmanin a demandé à rappeler l’ambassadeur de France en Algérie. « Il n’y a plus d’ambassadeur d’Algérie en France depuis plusieurs mois, mais nous avons toujours un ambassadeur à Alger. Il faut le rappeler, me semble-t-il », a-t-il indiqué.

L’Algérie a en effet rappelé son représentant dans l’Hexagone le 30 juillet dernier, après la reconnaissance par la France de la marocanité du Sahara, considérant le Plan d’autonomie comme seule base pour le règlement du différend.