En l’espace de cinq ans, le Parlement européen a adopté deux résolutions d’urgence portant sur l’Algérie. L’une en 2015 sur l’incarcération des militants des droits de l’Homme et des travailleurs, l’autre en 2019 sur la situation des libertés, sans compter les interpellations presque quotidiennes des eurodéputés à travers des questions écrites, des lettres adressées au chef de la diplomatie européenne et d’autres mécanismes de monitoring qui soulignent l’urgence d’une prise en charge internationale de la répression et des violations massives des droits de l’Homme dans ce pays.
La dernière interpellation en date est la question écrite que l’eurodéputé italien Massimiliano Salini a adressée au Haut représentant de l’UE pour les Affaires étrangères et la Politique de sécurité, Josep Borrell, comme une mise en garde contre la menace que constituent pour l’Europe, l’instabilité et l’autoritarisme en Algérie.
Pour ce député européen du PPE, l’Algérie est confrontée à des troubles civils et au mécontentement de la population en raison des limites imposées à la liberté d’expression, notant que le gouvernement algérien renforce son emprise autoritaire et mène des actes de répression, notamment dans la région de Kabylie.
Cette situation, souligne-t-il, est accentuée par l’impact socio-économique de la crise sanitaire actuelle qui ne fera qu’exacerber les crises multiples de l’économie fragile du pays, qui dépend fortement du pétrole.
Le député européen appelle, dans ce contexte, l’UE à prendre des mesures pour que les répercussions de la situation en Algérie ne se fassent pas sentir en Europe.
La répression sans nom à laquelle est soumise la Kabylie de la part du régime algérien est ainsi décriée au plus haut niveau en Europe. La position de l’Algérie concernant les droits des Kabyles est d’autant plus étonnante que ce pays défend à tue-tête un soi-disant « droit à l’autodétermination » d’un soi-disant « peuple sahraoui », alors qu’il renie ce même droit au peuple kabyle.
Pour l’eurodéputé, la région de Kabylie, où les protestations sont nombreuses car, selon l’Organisation des nations et des peuples non représentés (UNPO), il s’agit d’ »un territoire occupé », revendique plus d’autonomie « sans parler du fait qu’elle abrite un grand nombre de chrétiens, qui sont persécutés ».
La lecture sélective et biaisée de l’Algérie du principe de l’autodétermination ne pourrait donc servir d’alibi pour entretenir la stratégie de tension qu’elle mène à l’encontre du Maroc au détriment de la stabilité et de la sécurité de la région euro-méditerranéenne.
Elle ne saurait non plus justifier le maintien en otage des populations marocaines séquestrées à Tindouf et s’en servir comme monnaie de change contre des aides humanitaires financées en bonne partie par l’Europe et qui finissent entre les mains des trafiquants et des mercenaires polisariens.