Le ministre espagnol des Affaires étrangères, de l’Union européenne et de la Coopération, M. José Manuel Albares, a accordé une interview fleuve à «El Pais». Et comme on pouvait s’y attendre, la nouvelle position de l’Espagne sur la question du Sahara marocain, actée dans la Feuille de route adoptée en avril 2022, a été au cœur de cette interview.
Pour commencer, cette question insidieuse posée par le quotidien espagnol proche des socialistes: «Je sais que la politique étrangère du gouvernement espagnol au Moyen-Orient a été appréciée dans de nombreux pays du Sud comme une politique ancrée dans les valeurs. Si nous regardons la politique face au Maroc et Sahara occidental, qui des deux pèse-t-il le plus, les intérêts ou les valeurs ? ».
Réponse de M. Albares : «Ce que nous voulons après 50 ans, c’est qu’il y ait une solution entre LES PARTIES. Et nous soutenons dans sa tâche l’Envoyé personnel du SG de l’ONU, qui doit proposer aux PARTIES cette solution», c’est-à-dire le Plan marocain d’autonomie, considéré par l’Espagne comme «la base la plus sérieuse, réaliste et crédible» pour la résolution du différend régional créé autour du Sahara marocain.
Une réponse qui ne souffre aucune ambiguïté mais, semble-t-il, ce n’est pas de cette oreille que cela a été entendu par «El Pais». «Mais dans la lettre (envoyée par Pedro Sanchez au Roi Mohammed VI en 2022), vous avez exprimé votre conviction que la proposition marocaine, c’est-à-dire pour l’autonomie, est la plus viable, la plus réaliste», a-t-il relancé.
Piqûres de rappel…
«La position espagnole à ce sujet est bien connue et a été consignée dans la déclaration hispano-maroqui, qui est d’ailleurs partagée par la plupart des pays de l’UE», a rappelé M. Albares, catégorique.
Vous avez donc bien lu : «La position espagnole à ce sujet est bien connue et a été consignée dans la déclaration hispano-marocaine», a répliqué M. Albares, en référence à la Feuille de route qui a fixé dans le marbre la position de soutien de l’Espagne à l’Initiative d’autonomie présentée par le Maroc en 2007, à l’origine du processus politique engagé sous l’égide exclusif de l’ONU pour tourner la page de ce conflit régional cinquantenaire. Une position qui est «d’ailleurs partagée par la plupart des pays de l’UE», a relevé M. Albares. En effet, plus de 20 pays membres de l’UE ont jusqu’ici exprimé leur soutien au Plan d’autonomie sous souveraineté marocaine.
«Le Maroc pays ami et partenaire stratégique de premier plan pour l’Espagne et l’UE»
«Le Maroc est un pays ami et un partenaire stratégique de premier ordre pour l’Espagne et l’UE, et cela est reconnu par tous les pays de l’Union européenne », a encore souligné M. Albares, en énumérant les retombées positives de ce partenariat, engrangées de part et d’autre. « C’est un partenaire stratégique dans la lutte contre les mafias qui font le trafic d’êtres humains, dans la lutte contre le terrorisme. Nous avons des chiffres du commerce bilatéral qui ne sont actuellement dépassés que par ceux des États-Unis et du Royaume-Uni. Les douanes ont rouvert à Melilla et nous avons un bureau de douane à Ceuta pour la première fois dans l’histoire », s’est félicité M. Albares.