Tourisme en berne aux îles Canaries: le bout du tunnel n’a jamais été aussi loin

Les malheurs s’abattent en cascade sur le secteur touristique aux Iles Canaries. Après le « tsunami » de la faillite du voyagiste britannique Thomas Cook, qui a provoqué la perte d’au moins 3 millions de visiteurs, la pandémie de coronavirus vient paralyser l’activité touristique qui représente 35% du PIB de l’archipel.

Dépendant jusqu’à 64% des paquets touristiques vendus par les tour-opérateurs, le secteur touristique se tourne les pouces depuis le début du mois de mars suite à l’expansion alarmante de la pandémie en Espagne et la décision du gouvernement de décréter l’état d’alerte.

En pleine haute saison, qui coïncide aux Canaries avec la période allant d’octobre à avril, les professionnels du secteur touristique font grise mine et les raisons ne leur manquent pas. Hôtels et appartements touristiques fermés par décret, plages vides, réservations annulées, tour-opérateurs en faillite, vols suspendus, des pertes estimées à des milliards d’euros et un avenir incertain.

Les conséquences immédiates et à moyen terme dressent un tableau sombre d’un secteur qui nécessite des années pour redorer son blason et récupérer son élan.

Vue la situation actuelle, le gouvernement des Canaries estime que l’archipel pourrait clôturer l’année 2020 avec seulement 5 millions de touristes en raison du coronavirus, un chiffre loin des 16 millions de visiteurs des années précédentes, ce qui signifierait une baisse de près de 70%.

De même, les pertes du secteur avoisineraient les 10.000 millions d’euros, alors que l’’impact sur l’emploi pourrait atteindre 60.000 emplois directs et une diminution du PIB de 23%. Selon les professionnels, il s’agit d’un panorama dévastateur pour le principal secteur de l’économie canarienne.

Angel Victor Torres, président des Iles Canaries, partage la même évaluation en soulignant que l’archipel est la région la plus touchée par l’état d’alerte décrété dans le pays depuis le 15 mars. Cette mesure a coïncidé avec la haute saison touristique, où l’on enregistre les plus fortes recettes fiscales et la plus grande augmentation de l’emploi.

L’impact est « considérable » et la reprise du secteur touristique « ne se fera pas du jour au lendemain » parce que, selon Angel Torres, les hôtels ne peuvent pas rouvrir tant qu’ils n’ont pas de clients, alors que les principaux marchés européens sont également touchés par le Covid-19.

Toutefois, le président canarien a avancé que les départements concernés oeuvrent pour mettre en place une stratégie post-coronavirus qui sera opérationnelle après la levée de l’état d’alerte. Ce plan, consistant à des campagnes promotionnelles spécifiques, ciblera en premier lieu les touristes intérieurs suite au retour progressif des liaisons aériennes.

Les prévisions les plus optimistes du gouvernement régional canarien tablent sur une reprise normale de l’activité touristique à partir du mois d’octobre prochain et une ouverture progressive de 10% des hôtels en juillet.

En plus, le département chargé du tourisme a déjà demandé la prolongation des mesures adoptées suite à la faillite du groupe britannique Thomas Cook visant à atténuer les effets de cette crise sur le secteur. L’objectif est de rediagnostiquer la situation actuelle et réorienter les actions planifiées de manière cohérente en fonction de la nouvelle réalité du secteur touristique canarien complètement essoufflé.

En dépit de l’annonce faite samedi par le chef du gouvernement espagnol, Pedro Sanchez, relative à la reprise de l’activité touristique à partir du mois de juillet, les professionnels du secteur aux Canaries estiment qu’un long chemin reste à parcourir pour récupérer le terrain perdu.